Le 25 mars 2018, Le Mouton Numérique avait le plaisir de recevoir Calvo lors de sa deuxième rencontre littéraire consacrée à Toxoplasma. Une rencontre que j’attendais de pied ferme, puisque j’en étais à la fois l’instigateur et l’organisateur au sein de l’association. Malheureusement je n’ai pas pu animer cette rencontre – ni même y assister.
Heureusement, le moment fut intense et beau, les moutons ont fait des merveilles et notamment Ariel Kyrou qui a pu me remplacer à la volée pour introduire le roman. Toxoplasma donc, est un roman inclassable proche du postcyberpunk, dont l’auteure à pu largement présenter les thématiques et influences centrales, tout en évoquant son parcours personnel.
Bref, faites vous un bon café et embarquez pour la commune libre de Montréal, ses loueurs de VHS et ses meurtres de ratons laveurs.
Pitch de la rencontre
« Pour sa deuxième rencontre littéraire, Le Mouton Numérique aura le plaisir de recevoir Calvo pour son roman Toxoplasma – à la librairie parisienne Violette&Co. Auteure de romans, nouvelles, bandes dessinées et jeux vidéos, Calvo interroge le futur sans céder aux sirènes de la dystopie ni se limiter à aucun genre connu de science-fiction. Aux éditions La Volte, elle a déjà publié ses romans Elliot du néant et Sous la colline ainsi que plusieurs nouvelles dans des ouvrages collectifs.
Entre régressions rétro, cassettes VHS et tribalisme urbain, Toxoplasma explore les formes changeantes de l’identité à travers les technologies et des modes de vie à venir… vers une nouvelle utopie ? L’occasion pour nous de revenir sur les facettes d’une oeuvre référencée, hallucinatoire, sensuelle et poétique qui intègre la science-fiction dans un imaginaire naturellement politique. »
Présentation de l’éditeur :
Après la Révolution, l’île de Montréal est assiégée — ses ponts bloqués par l’armée fédérale. Partout dans les rues se déchirent les partisans de l’ancien monde libéral et ceux qui aspirent à une société anarchiste, transformant le paysage urbain en un champ de ruines festif où survivent des communautés humaines en pleine recomposition.
Au cœur de ce chaos, Nikki Chanson bosse dans un vidéo-club. Paumée mais pleine de talents cachés, elle partage son temps entre la refourgue de mauvais films aux mauvaises personnes, les enquêtes sur des faits divers sordides et les soirées film en compagnie de Kim, coureuse de bois virtuels.
Mais entre ses hallucinations en VHS et ses rêves de forêts détruites, le quotidien de Nikki menace de s’engouffrer dans une conspiration meurtrière à laquelle elle ne pourra échapper que grâce au soutien de sa copine et d’une marionnette d’un show pour enfants qui n’est autre qu’un chien mort.
À la fois portrait drôle et poétique d’une société contemporaine qui part en capilotade, thriller antispéciste et déclaration d’amour aux nanars d’horreur, Toxoplasma emporte le lecteur à l’orée d’un monde fantastique, qui pourtant est bel et bien le nôtre.
Pistes de réflexion (guide d’interview)
J’avais préparé quelques notes destinées à guider la rencontre avec Sabrina. Si le destin ne m’a pas permis de les utiliser, certains thèmes ont tout de même été soulevés. Je vous les remets ici tels que je les anticipais en amont.
Cyberpunk
Pour moi le cyberpunk c’est un genre hyper noir, pré-apocalyptique, où l’humain arrive a ses limites et s’enfonce dans le pire.
- Rappel des fondamentaux du genre : naissance dans les 80’s, nouveaux âges d’or et jusqu’à la dépolitisation actuelle (Ghost in the Shell, Blade Runner 2049)
- La vision spécifique de Toxoplasma : re-politiser le genre. « Une littérature de la marge. »
- En quoi Toxo est-il un roman politique et pas « juste » une bonne histoire très bien écrite ?
- Le cyberpunk comme une utopie ?
Le rapport à la techno
Le roman présente plusieurs genres de technologies. Les héroïnes hackent la Grille.
- Low tech : l’esthétique minitel est-elle un choix esthétique… ou l’affirmation d’une dépossession du pouvoir « d’empoigner » la technologie ? (SMART versus CYBER : comment le hacking permet-il de reprendre le pouvoir auprès des industries techno ?)
- La sensualité de la machine, le rapport émotionnel / affectif / sensitif passe aussi par la langue parlée. Quelle est cette langue ? [lecture d’un « run »]
- La technologie comme marqueur culturel, comme moyen de se construire, de dépasser les frontières et des définitions figées : réel / virtuel, numérique / analogique, humain / animal. A Cyborg Manifesto, Donna Haraway
Micro-communautés
Gangs et phalanges politiques, VHS versus Bétamax, mouvement hipster, sociétés nanties et clivage social.
- C’est une société à la fois hyper atomisée, chacun pour sa peau, et en même temps plein de micro-communautés. On n’est pas tant isolés que ça, l’individu se définit d’abord par son appartenance.
- Horizons sociétaux post-individuation ; développement personnel. Rapport à l’identité et à une forme de tribalisme : « la VHS est une forme de prière radicale ». Lien avec la nouvelle Sinon le ciel est toujours là.
- Lien avec la « MytholoGenY » du Noty-Aroz ?
MYTHOLOGENY
« En réponse à « la carence spirituelle » (voir Introduction au Syncrétisme Fictif, 2008), nous observons un phénomène socio-idéologique significatif. Depuis le début du troisième millénaire, à travers le monde, certains peuples s’engagent dans l’adoration de nouvelles divinités : personnages issus de fictions mêlés à des croyances traditionnelles. Cette mythologie est une religion consciente, dans laquelle les divinités vénérées ne sont pas perçues comme ayant existé par le passé, mais comme possédant un impact concret sur le réel. Nous la nommons MytholoGenY, Mythologie d’une Génération Y. Aidons-la à émerger, prêchons la bonne parole. »
Que dit Toxoplasma de notre monde ?
de nos identités ?
de nous ?
Est-ce réel ?
~ Antoine St. Epondyle
En dépit d’un destin cruel, le Mouton a assuré comme toujours. Merci donc à Yaël et Irénée pour leur souplesse et leur aptitude à retomber sur leurs pattes malgré moi. Merci à Ariel pour le remplacement in-extremis en introduction de la rencontre. Merci à Mathias / La Volte pour le soutien logistique et com’. Merci à Violette&Co pour l’accueil. Merci à vous tou.te.s qui étiez là en nombre pour parler de postcyberpunk féministe transgenre francophone (votre intérêt pour cette culture, votre présence à ces rencontres sont magnifiques).
Merci enfin à Sabrina pour sa disponibilité, son enthousiasme ;
sa grande et belle littérature.
Pour suivre le prochains événements du Mouton et/ou devenir membre, c’est par ici.
Hello et merci pour la préparation, organisation (et travail de recherche) autour de cet événement qui était très convivial. On a essayé d’être à la hauteur de tes réflexions préalables à la rencontre… :-)
Je sais pas trop si c’était le cas mais Sabrina a eu assez de bagou pour nous éviter de nous empêtrer dans le fil de tes précieuses pensées ! Au plaisir de remettre ça en laine et en os.
Bêêêh !
[…] L’ami Antoine St. Epondyle se fait le relai de cette rencontre dûment préparée sur son blog, c’est par là. […]