« Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents. »

Je m’apprête à disséquer aussi complètement que possible La Horde du Contrevent, deuxième roman d’Alain Damasio. D’abord parce que c’est un chef-d’œuvre dont la deuxième lecture m’a tiré les larmes en une période particulière de ma vie, ensuite parce que de l’abyssal discours sur la vie que véhicule ce pavé, j’ai voulu mettre en évidence les lignes de force qui m’ont principalement touché. Du haut de mes vingt-six ans, je n’ai pas la maturité suffisante pour recevoir toute la portée philosophique de l’œuvre, je m’en tiendrais donc à une lecture personnelle à défaut d’être exhaustive. Si vous n’avez pas lu La Horde du Contrevent, lâchez tout et courez chez votre libraire. Il sera content de vous voir.

l'étoffe dont sont tissés les vents
L’étoffe dont sont tissés les vents, éditions ActuSF

Cet article est extrait de mon livre L’étoffe dont sont tissés les vents.
Disponible en librairie.

Attention ! Vous entrez dans une zone-ultraspoiler.

Le roman pousse très loin la création de son univers, jusqu’à imaginer ses propres principes scientifiques. Le monde entier est sculpté pour porter le récit et ses thématiques, comme ses personnages qui ont un rôle autant philosophique que narratif. La réinvention de toutes les sciences autour d’un nouveau paradigme (le vent est à la base de toute chose) permet à Alain Damasio de proposer sa vision de l’existence.

Autant dire que rien n’est laissé au hasard, et particulièrement pas le choix de l’élément primordial. Le vent est un avatar de la vitesse et du mouvement à l’état brut. Et donc dans la conception damasienne de l’existence, il est synonyme de vie.

Le vif

L’étoffe des héros

Décrit petit à petit dans le roman et beaucoup plus à la fin, le vif est l’élément clé du sujet. Dans La Horde du Contrevent, le vif est une force motrice primordiale constitutive de la vie. C’est une puissance en mouvement, une boucle de vent si rapide que sa vitesse est absolue et qui circule dans chaque être humain, animal et végétal.

S’il est propre à chacun, le vif n’a pourtant rien à voir avec l’âme au sens judéo-chrétien du terme. C’est une force vitale de l’individu qui lui est absolument, physiquement propre ; sa forme physique diffère d’une personne à une autre. Le vif est la concrétisation d’un principe de philosophie vitaliste, la « force de vivre » rendue concret par Damasio qui lui donne dans le roman une existence physique autant que métaphysique. La phrase d’ouverture du livre – « Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents. » – n’est donc pas seulement poétique mais à prendre au pied de la lettre. Le vif démontre que nous sommes issus du vent et conçus par lui : que la vie est fille du mouvement.

Survif

Très inspiré par la pensée de Gilles Deleuze, Damasio a fait sienne l’idée selon laquelle « ce sont les organismes qui meurent, pas la vie ». En l’occurrence, le vif peut survivre à l’humain qui le porte. Pour quelques élus, de « Grands Vivants » capables d’arriver au bout d’eux-mêmes, le vif ne disparaît pas lors de la mort. Leur force vitale est accueillie par les autres hordiers, les survivants capables d’y puiser l’énergie et l’inspiration nécessaire pour continuer la quête. Comme un souvenir des morts rendu bien concret, palpable, le vif est une boule de vie pure laissée au cœur et au ventre de ceux qui restent. Les morts vivent en nous, pour le meilleur et le pire, pourvoyant la volonté pour faire face aux épreuves à venir.

Il ne suffit pourtant pas de bouger pour être vivant ; ou plutôt pour être un « Grand Vivant » damasien, claustrophobe inapte à la sédentarité. Le vif, cette force vitale inspirante, laissée en héritage aux générations future, ne survit pas toujours à son porteur ! Encore faut-il, pour laisser une telle trace dans le cœur des vivants, avoir été « pleinement en vie ». Pour étayer cette idée dans la fiction, Alain Damasio recourt à des concepts aérologiques :

« La plupart des vifs d’humains sont trop abrités dans des corps et des esprits « coagulés » – pour parler comme Caracole. Ils se développent en boucles, dans des nœuds ronds, sans élasticité et sans mobilité autre que réactive. Ils savent s’adapter bien-sûr, un minimum, ils éprouvent des sentiments sans aucun doute, au travers d’écoulements continus, pâteux. […] Sortis du corps, ces vifs-là manquent de vitesse et de densité, ils se délient très facilement à la première bourrasque. Rien ne survit d’eux. Et c’est bien comme ça. » (p. 71)

Qu’est-ce-qu’être en vie ? selon La Horde du Contrevent

Mais comment être « pleinement en vie » ? De son propre aveu, toute l’œuvre de Damasio cherche à répondre à cette question. Dans La Horde du Contrevent, c’est de la bouche de Caracole s’adressant à Sov dans la Tour d’Ær que nous vient la réponse. Pour une fois, le troubadour abandonne les énigmes et parle clairement.

« Qu’est-ce qu’être en vie » est ta quête, si j’en crois Ne Jerkka. Être en vie c’est être en mouvement & c’est être lié – tissé au ventre & lié aux autres. Tu affronteras en Extrême-Amont la solitude totale. Il te faudra inventer le sens de ta vie sans nous. Une terre sous tes pas. » (p.253)

Cette triple définition de la vie trouve une illustration permanente dans la quête du Contrevent. La Horde illustre littéralement cette définition de Caracole-Damasio : elle est en mouvement par nature, nomade et entièrement dédiée au Contre ; elle est liée en elle-même – Fer et Pack – car cette cohésion seule permet de résister à la brutalité des éléments ; et ses membres sont liés les uns aux autres, qui inventent leurs relations quotidiennement par et pour la quête. Chacun des hordiers, pas d’exception, est primordial et totalement dépendant des autres.

Être en mouvement…

Le mouvement, la lutte intérieure autant qu’extérieure, est une définition éminemment damasienne de l’existence. C’est ce mouvement qui oppose par nature les hordiers aux « abrités » cédant aux sirènes de la sécurité et du confort, qui s’entèrent dans leurs villes et se gardant du danger de la vie vent-debout, ne connaissent rien de son intensité forgée dans l’effort et la douleur. C’est cette vie héroïque qui ouvre les portes de la connaissance de soi et forge le lien aux autres dans les flammes d’un combat fondateur. Ce dernier est d’ailleurs un prétexte pour se maintenir dans l’action, et l’Extrême-Amont compte moins que le combat pour y parvenir.

…& être lié – tissé au ventre…

Ce combat émancipateur est LE concept le plus récurrent de l’œuvre d’Alain Damasio. Tous les personnages de la Horde suivent le même chemin, la Trace, mais aucun n’est poussé par la même motivation. Le but que chacun se donne, la rage qui le pousse à mettre un pied devant l’autre sous Furvent lui appartiennent intrinsèquement. L’Extrême-Amont est une conquête de soi plus qu’une question de kilométrage ; elle est infiniment personnelle comme le sera la Neuvième Forme du vent qu’il trouvera au bout, et qu’il ne pourra affronter que seul.

Seul, mais irrémédiablement…

… & lié aux autres.

Pour eux c’est une évidence, eux qui partagent tout depuis leurs six ans, qui furent élevés et formés ensemble, eux qui ne dorment jamais à plus d’une dizaine de mètres les uns des autres. Dans cette promiscuité qui leur interdit toute intimité, ils sont devenus plus qu’une famille, un clan si soudé et si interdépendant, que leurs inimitiés (et même leurs haines), leurs amours et bien entendu leurs amitiés indéfectibles l’architecturent plus qu’ils ne le fissurent. La symbolique du lien aux autres est filée sur toute la durée du roman au sens littéral, puisqu’à aucun moment la Horde ne se sépare quoiqu’elle s’étiole parfois. La moindre adversité (Poursuite où Furvent) a pour effet immédiat de ressouder le groupe pour ne laisser aucune faille dans laquelle s’engouffrer (encore une fois, littéralement). Face à la violence du Contre, la survie n’est possible qu’au sein d’un collectif soudé (Triangle, diamant, percussion !) au delà de toutes les épreuves. Seul, le contre est impossible.

Extrême-Amont

Mais pourquoi tous ces efforts ? La réponse n’est pas limpide, comme le but de la vie nous échappe tant son achèvement nous semble amer. La fin de l’ouvrage nous révèle que si l’objectif ultime de la quête est d’une vacuité totale (il n’y a rien au bout, et ils ne sont même pas les premiers à y parvenir), le Contrevent trouve son sens dans ce qu’il aura permis à ses membres de construire en eux, et entre eux. La quête est le moyen qu’on les hordiers (et ils ne l’ont pas tous choisi) de vivre à plein, vers l’extrémité d’eux-même et du monde. Non pour laisser une Trace – ou à peine, le vif – mais pour avoir suivie leur Trace.

Les membres de la Horde du Contrevent conquièrent par une science du mouvement perpétuel et l’absence totale d’attache géographique, ce lien entre eux tissé de leurs vifs, authentique car forgé dans la douleur de leurs vies partagées. Au sens strict comme au figuré, ils donnent un sens à leurs vies, d’Ouest en Est, d’Aval en Amont.

Mais n’allons surtout pas confondre cette idée avec un bonheur, un Nirvāna spirituel, l’accès à une récompense ou à un paradis ! Car le Contre n’a rien d’une partie de plaisir. C’est une vie entière construite seulement autour de la quête et de la Horde, avec ses « éclats de courage et d’humanité », ses instants de pure joie et d’héroïsme, mais aussi (surtout ?) ces épreuves surviolentes qui polissent au gravier la définition de ce qu’en chier veut dire. Le renoncement traverse toutes les têtes, Alme Aoï et Silamphre y cèdent – et sans doute la vie à l’abri peut-elle aussi apporter son lot de contentement et de plaisir. Mais au cœur de chacun brûlera toujours le regret (ou la satisfaction) d'(e) (n’)avoir (pas) passé Norska. En se gardant des dangers et de la brutalité d’une vie à contrer, on rompt avec le mouvement fondateur de toute vie. On stagne, on « coagule ». On s’évite peut-être les épreuves, mais on ne parvient pas non plus à l’intensité des sentiments forgés par elles. Le père de Sov lui-même avouera qu’il ne sait pas s’il a bien fait de renoncer – car choisir c’est renoncer.

« Ne me demande pas si ça vaut la peine, hein, Sov. Ne me demande rien. Je ne sais pas. Je n’ai jamais su répondre à cette question, ni à huit ans ni à quarante, ni aujourd’hui à soixante-dix ans. » (p. 183)

Le choix dépendra de chacun ; et les hordiers ne répondent pas de la même manière à l’énigme fondamentale de leurs vies une fois face à l’effondrement de « toutes les structures qui avaient fondé [leurs existences] ». Le Golgoth, Trac(t)eur et moteur de la Horde, avatar de la volonté pure et de l’esprit du Contre, ne peut pas accepter la conclusion de toute une vie dédiée à la Trace. Il carbonise son énergie vitale et le vif de son frère, meurt pour rien au delà des limites du monde. Pour rien ? Pas complètement, car ce sacrifice corps et âme au sens de sa vie donne à Sov – seul survivant – un dernier enseignement.

« La seule trace qui vaille est celle qu’on se crée, à la pointe extrême de ce qu’on peut. » (p. 14)

-Saint Epondyle-

Alain Damasio, par Adrien Barbier.
Alain Damasio, par Adrien Barbier.

Image de couverture : Windalkers, par CyrilT.

9 Commentaires

  1. Salut !

    Je suis content d’être tombé sur ce blog en cherchant des choses sur Damasio, il est cool.
    J’en ai fais une lecture un peu similaire sur mon propre blog, mais je suis également à peu près persuadé d’être passé à côté d’au moins la moitié des concepts (C’est encore pire dans le cas de La Zone du dehors).
    J’aime beaucoup le principe de ce genre d’article en tout cas et le fait que tu donnes des citations exacts, c’est clair et précis.

  2. Salut à toi Cigale,
    Content de voir que mon blog te plait bien, je vais aller lire ta chronique damasienne.
    Je travaille sur une deuxième partie à cet article et sur un autre centré sur la notion de langage et l’utilisation qu’en fait l’auteur dans La Horde. On aura l’occasion de discuter plus en détails sur le livre si ça t’intéresse. :)

  3. Quelle découverte ce roman ! J’avoue ne pas avoir poussé l’analyse aussi loin mais quelle claque, je l’ai dévoré sans m’en rendre compte.
    Il y a ce côté Mad Max avec un cerveau qui est jubilatoire :)

  4. Bonjour,

    Après la stèche dans la gueule que j’ai prise à la lecture de La Horde du Contrevent, je me prends sur ce bloc la contrevague ! Vraiment bravo pour ce travail d’analyse clair, intelligent et sympa.

    Juste une petite remarque . Tu dis :[…] Sov – seul survivant –
    Mais non ! Pour moi, l’un des moments les plus émouvants est quand, sur la vire (sic), Aio décide de faire demi-tour, de sauver Steppe (arbrifié) et leur enfant à naître et l’on a droit à un petit saut dans le futur, dans l’espoir (p159). Mais cela est peut-être moins ‘philosophiquement correcte’ ?
    Tu cites très justement Pietro. Mais pour moi l’essentiel est quand il répond (page 217 du Folio) à Golgoth prêt à exploser, que le suicide n’est pas le sacrifice (je compacte très vite). Et Matsukaze résume : « Le véritable héroïsme […] c’est d’accepter la honte de survivre »
    Évidemment c’est là le prisme de ma lecture de ce quasi chef d’œuvre (c’est dit).

    J’avais commencé une analyse du roman, qui était pour moi une façon de continuer la trace, mais là j’ai trouvé mon aeromaître. [à l’Extrême-amont se dresse la statut d’un saint, hi hi.]
    Pour info je suis de l’âge de la 33e horde, des ‘parents’. Je suis d’ailleurs assez étonné, c’est rare, de trouver des héros de roman de SF ayant la quarantaine (sauf Coriolis et peut être Arval), non ?. Il est vrai que – dixit Oroshi- Sov est un grand enfant.

    bonne trace
    AB

    • Salut Antanéus et merci pour cette analyse complémentaire. En effet tu as doublement raison de me préciser ces points sur les survivants et sur le statut de la Horde, qui EST un chef-d’oeuvre. 8)

      Les imprécisions de cet article seront corrigées dans mon livre, qui paraîtra bientôt j’espère, consacré au sujet. Tous les détails par là. :D

  5. Bonjour,

    Je viens de discuter avec une amie qui vient de pondre une théorie farfelu mais qui fonctionne très bien (et que je n’ai jamais entendu) donc je voulais t’en faire part. Quand on prend le livre à l’envers toutes les étapes traversées peuvent être assimilées aux étapes de la vie. A la fin, les derniers survivants sont « attaqué par une horde de chrones de lumières (les spermatozoïde), le volcan se contracte et se relâche (l’utérus), le défilé de Norska (le vagin), le camps avec les parents (la naissance), le parcours avec les parents (l’éducation), la porte d’Urle (arrivée à l’école), les fréoles (étudiant qui doit choisir son chemin) …
    ça fait longtemps que je l’ai lu donc, comme tu peux le voir, ça n’est plus clair clair pour moi, mais sa théorie est rigolotte.

    Bonne journée,

  6. Salut,

    Merci pour ta belle analyse, bien écrite et claire.

    Je suis d’accord avec presque tout ce que tu dis concernant le second niveau de lecture de cette œuvre magnifique : Damasio semble considérer à juste titre que la vie est mouvement (et ce n’est pas un ostéopathe qui va dire le contraire !), et adhérer au principe bouddhiste selon lequel ce qui compte n’est pas le bout du chemin, mais bien le chemin lui-même et liens qui s’y créent.
    En revanche concernant l’effort et le dépassement de soi, je suis pas totalement d’accord avec ton analyse : s’il est clair que rester dans sa zone de confort (comme un abrité) en se contentant d’une vie sans prise de risque, sans défi, ne permet pas d’atteindre son potentiel et de s’épanouir, à mon sens l’auteur émet aussi une critique nette et appuyée sur l’inutilité, l’absurdité et le gâchis de la quête de la performance et du dépassement. C’est visible dès la flaque de Lapsane (3 morts pour gagner quelques mois…), puis rappelé à Alticcio (les racleurs des bas fonds qui suent sang et eau pour le bénéfice des classes supérieures), à Camp Boban (accepter la « honte » du renoncement pour commencer à vivre en paix et en harmonie avec les autres, ou aller au suicide), en Extrême Amont (avec la fin de Golgoth), et enfin explicité à la fin (la chute si j’ose dire) du livre.

    A mon avis, le propos essentiel est de montrer que pour être pleinement en vie il faut suivre sa propre voie (comme tu le soulignes à la fin), savoir se détacher des obligations socio-culturelles imposées dès l’enfance, sans se consumer dans la révolte, pour retrouver l’enfant en soi, savoir créer son propre chemin et entretenir des liens sains avec les autres. Profiter pleinement de chaque jour que la vie nous offre, comme si c’était le premier et le dernier. C’est la métaphore nietzschéenne des 3 métamorphoses exposée dans la tour d’Aer.
    Donc au final, peu de personnages y parviennent vraiment : Aoi (+ Steppe et leur enfant), les jumeaux joufflus et joyeux Horst & Karst, et le trouple Sov-Oroshi-Caracole (+ leur enfant). On peut en profiter pour saluer cette modernité rare et l’absence totale de notion de mariage et d’exclusivité (« fidélité ») dans ce roman, merci Damasio ! Golgoth ne réussit certainement pas car il ne fait que foncer droit devant comme un chameau bien dressé, et entraîner d’autres personnes dans une mort inutile, entre autres le suiveur Pietro et le pilier Firost. Les lions (Erg et Coriolis par exemple) non plus : ils se consument eux-mêmes.
    Finalement seul Sov (le scribe Damasio, qui devait survivre pour nous raconter cette histoire) y parvient tout en atteignant une connaissance plus complète de lui-même et de son monde.

    Il y a quelques lignes (je ne sais plus la page) où l’auteur dit clairement que les différentes Hordes ne sont qu’une vitrine (des premiers de cordée !) destinée à inspirer le courage et l’admiration à la société (aux enfants de l’escadre Fréole par exemple) et montrer que l’effort aboutit finalement à une récompense, comme ce que qu’on fait croire aux racleurs et airpailleurs qui vivent en bas d’Alticcio et soutiennent la « haute société » en espérant que les richesses finissent par ruisseler jusqu’à eux (ça vous rappelle quelque chose ?).
    A la fin on comprend que les Hordiers ne font que tourner en rond (s’ils ne meurent pas avant de leur quête insensée) comme des hamsters dans une cage, comme de bons travailleurs entraînés à produire encore et toujours plus sans avoir ni le temps, ni l’énergie, ni le bagage culturel pour se poser la moindre question. Pire, leurs commanditaires le savent très bien et font tout pour empêcher que leur quête aboutisse et que le commun des mortels puisse le savoir, et donc commencer à penser par eux-mêmes et à vivre pour eux-mêmes.

    Certains estiment que la fin est bâclée. Personnellement je pense que la rupture de rythme, de hauteur et de ton offre une chute parfaite. Je craignais un peu que l’auteur ne ressuscite explicitement tout le monde à la fin dans une happy end mièvre à la Disney. Au contraire, celle-ci laisse un goût doux-amer, comme la vie parfois (souvent ?) peut le faire. Pardon Damasio d’avoir douté !
    La seule question qui reste en suspend c’est si Sov, dotée de sa sensibilité et de ses connaissances nouvelles, va réussir à faire revivre les personnes qu’il aime et porte en lui. Mais qui a la réponse à cette question existentielle ? Au lieu de tout expliciter lourdement, l’auteur mise sur l’intelligence de ses lecteurs, est assez humble pour ne pas donner toutes les réponses, et assez habile pour laisser chacun créer la fin qui lui convient. Encore faut-il savoir être un enfant pour y arriver ;-)

    A+
    Dr No

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