Avant, vous étiez petit, moche et bête.
Et le jeu de rôles à changé votre vie.
C’est au départ l’idée d’Alias : lancer une campagne d’évangélisation collaborative sur les blogs rôlistes et affiliés. Le but avoué de l’opération étant de donner une image positive du jeu de rôles, ce loisir mal connu qui nous rassemble. Et si face aux attaques il m’est arrivé de pousser quelques saines colères, l’idée d’une riposte constructive face aux préjugés est intelligente. L’année dernière donc, le Tumblr dédié a reçu une centaine de contributions enthousiastes et positives… mais pas la mienne.
Car voyez-vous, je suis rarement enthousiaste, jamais positif et encore moins constructif. Sans compter mon affligeante propension à procrastiner. Finalement, il aura fallu un an pour que l’idée plantée dans un coin de mon crâne bordélique fasse son chemin. Et comme il vaut mieux tard que jamais, je me décide aujourd’hui à proposer mon témoignage (assez) enthousiaste, (presque) positif et (autant que possible) constructif sur le jeu de rôles.
Moi, rôliste… (et vous devriez)
J’ai commencé le jeu de rôles il y a une dizaine d’années, ce qui dans la vie d’un post-ado de pas encore vingt-cinq ans compte comme une période conséquente. Découvert en troisième grâce à monsieur Pix (loué soit-il), ce loisir allait devenir ma passion première durant les années qui suivirent. Oh certes je joue beaucoup moins souvent aujourd’hui qu’à l’époque, mais pas par lassitude.
J’ai toujours aimé me déguiser, jouer des rôles et raconter des histoires. Le jeu de rôles permet d’agir sans rester spectateur, pour moi c’est la meilleure manière de canaliser toute ces fictions qui me passionnent, et d’utiliser ma créativité pour fabriquer des univers et des histoires. Un film, un roman, une bande dessinée -y compris les meilleurs- ne permettent jamais d’agir sur le récit. On peut être bouleversé par un roman, ému par un dessin animé, ou retourné par une bande dessinée. Mais on ne peut jamais agir dessus, infléchir le destin des personnages à la force de ses décisions.
Une histoire de jeu de rôles est fabriquée maison, et en groupe. Je ne parle pas du scénario ou de l’univers du jeu, qui sont souvent achetés dans le commerce et écrits par les auteurs du jeu eux-mêmes. Et d’ailleurs, je ne conteste pas du tout ces scénarios officiels, que j’utilise volontiers lorsque l’occasion se présente. Je parle du moment d’interprétation sans filet, mystique, où la partie préparée par le meneur de jeu prend vie dans l’esprit et les actions des joueurs. Les personnages sont ébauchés au départ, mais ils ne s’incarnent réellement que pendant le jeu, en fonction des joueurs qui les interprètent et de la synergie qui naît de leur collaboration. Ainsi, une même histoire jouée plusieurs fois laissera toujours un souvenir différent à ceux qui y participeront.
Car le jeu de rôles est un jeu de société : il se joue par nature à plusieurs. Il regroupe des joueurs qui souhaitent non pas jouer les uns contre les autres mais raconter une histoire ensemble, qu’elle soit héroïque, horrifique, historique, de n’importe quel genre possible. Les émotions partagées autour d’une table durent longtemps, les scènes d’anthologie, les dialogues cultes, les fou-rires et les victoires ; les défaites et les déceptions aussi. Nos souvenirs de jeu de rôles sont extrêmement vivants. Ces histoires, ces scènes et dialogues, nous les avons vécues entre amis, troquant l’universalité d’autres médias contre des références personnelles. Aucun autre loisir ne procure ça.
Je pourrais parler de jeu de rôles pendant des heures. Raconter nos histoires, nos références, et ça ne vous intéresserait sans doute pas beaucoup. Pourquoi ? Parce que de ces centaines d’heures à préparer mes parties, à apprendre les règles, à dessiner des plans, calculer des points de compétence et des scores d’attributs ; de ces milliers de souvenirs partagés avec les vieux routards et les occasionnels, les anciens et les débutants, chacun en garde des expériences et des souvenirs personnels. Je conserve les miens précieusement. A vous de forger les vôtres à la sueur des neurones et à la force de votre main directrice d’écriture.
C’est incroyable ce qu’on peut faire avec du papier et un bon stylo.
~ Antoine St. Epondyle
Créer, c’est vivre deux fois.
– Albert Camus
Merci! Je croyais que tu l’avais déjà fait il y a longtemps.
Je t’ajoute au Tumblr ou tu veux envoyer le lien toi-même?
Je te laisse faire. :)
Merci à toi d’avoir organisé ça. Et du Flattr. :)
De nada.
Mieux vaut tard que jamais ;)
Tout à fait. Je me sens mieux à présent que c’est fait. :)
Merci de vos commentaires les amis.
Bon petit article ! Toujours un plaisir d’être autour de la table de jdr ! Merci à toi !
Merci à vous de partager mes délires depuis…
Hey ! Ça fait 10 ans cette année !
[…] la contribution de Saint Épondyle à « Moi rôliste » (avec un an de retard, mais on ne va pas […]