De ma vie de rôliste, je n’ai jamais joué dans un univers à licence. L’imaginaire est chose fabuleuse et moi qui n’ai jamais été botté par les fan-fictions et autres univers étendus, je préfère souvent m’en tenir aux canons tout en inventant par moi même d’autres mondes.

C’est un peu par hasard que je suis tombé sur Tu es un Sorcier, le jeu de rôle dans l’univers de Harry Potter écrit par Axel Tentacle – connu de nos services pour l’animation frénétique du podcast Jeudi JdR.  Or, j’ai beau avoir grandi avec les aventures du sorcier à lunettes (et être né la même année que les interprètes des films), je n’avais jamais eu trop l’idée de développer cet univers à ma table de JdR. Du moins jusqu’à lire l’ebook Années 1 à 3 de Tu es un Sorcier.

harry potter jdr

Crash-lecture

Le jeu Tu es un Sorcier, qui est absolument non-officiel, est publié par son auteur gratuitement et sous licence CC BY NC 4.0. Il se télécharge ici. Son format est assez spécial, puisqu’il s’agit d’un « livre évolutif », c’est à dire d’un e-book complété régulièrement, qui s’enrichit donc avec le temps. L’avantage est qu’il permet de commencer à jouer tout de suite ; l’inconvénient est que le livre s’arrête d’un coup, et qu’il faut inventer la suite si l’on joue plus vite qu’il ne paraît (ce qui est probable). Quoiqu’il en soit, le livre évolutif permet à Axel de nous faire profiter de son matériel terminé, de très bonne facture, sans attendre de mettre le dernier point à la dernière ligne du jeu. Par la suite il nous promet d’ailleurs des add-ons destinés à jouer des aventures au delà de la troisième année, plus adultes, destinées à des adolescents sortis de la tendre innocence de l’enfance. Hé oui : comme dans Harry Potter.

Il y a une sorte de décontraction minimaliste et référencée dans l’écriture de Tu es un Sorcier, qui rend sa lecture et son appréhension faciles, limpides et progressives. Y compris lors de la création des personnages en « focus » narratifs où la feuille de perso s’enrichit au fur et à mesure que les idées viennent aux joueurs. Meujeu et PJ accèdent aux informations tout en jouant, ce qui est très sympa et léger. Et j’ajoute : les règles du jeu sont à la fois simples et orientées sur une approche enfantine de l’aventure (pas de points de vie, donc pas de risque mortel) tout à fait à propos. L’amitié occupe une place importante, comme les différents types de sorcellerie rangés par matière académique.

Mais alors, à quoi on joue précisément ?

Univers

J’aurais détesté une encyclopédie de 600 pages sur le monde bancal des sorciers, des classes de perso et des listes de sorts destinées à « jouer ce qu’on veut » dans cet univers. Tu es un Sorcier à l’intelligence de se restreindre à Poudlard et c’est une excellente chose tant le château est un univers en soi, très riche et compatible avec absolument toute la tradition fantasy et fantastique de la culture générale, parce qu’il fut justement conçu par JK Rowling comme une réinterprétation de cette culture. L’écueil de « l’open world » est évité avec élégance et la carte du château à dessiner soi-même ouvre sur d’infinies possibilités pour faire de l’école un beau terrain de jeu ; un univers magique au sens propre, à fortiori pour des enfants de 11 ans. Poudlard c’est tout un monde, suffisant en tous cas pour peupler ses murs d’assez d’histoires pour jouer une campagne sur tout ou partie de la scolarité de nos héros. Et bien sûr cela n’empêche pas de prolonger l’univers par des scènes, décors et personnages extérieurs à l’école. On est dans un JdR, c’est le principe.

La saga Harry Potter a un univers relativement mouvant et hors du temps. En terme de genre narratif, on peut donc se permettre une large latitude depuis le merveilleux enfantin qui, en le prolongeant, deviendra de l’héroïsme à la Narnia… à l’Urban Fantasy assez dark des derniers épisodes, qui n’interdisent pas quelques virées horrifiques à l’occasion. Pour un Meujeu facétieux, le mélange des genres me paraît une bonne idée.

Impro maestro

Pour autant, le minimalisme de l’écriture va de pair avec un certain manque d’information. Sauf à piller Pottermore ou en étant très à l’aise avec improvisation, le Meujeu ne pourra pas se dispenser de préparer pas mal de matériel pour jouer. Personnellement, j’ai commencé à préparer un petit Bullet Journal JdR plein de références à l’univers pour donner de l’épaisseur à mon école des sorciers personnalisée (mon Poudlard de poche).

Les joueurs, eux, n’ont pas ce problème puisqu’il leur suffit d’incarner des moldus d’origine pour découvrir le monde en même temps que leurs personnages, comme Harry lui-même dans les premiers bouquins. Chaque personnage étant originaire d’un milieu et d’une famille différente (et inscrit potentiellement dans une Maison différente), on pourra mélanger sans problème des Potterheads experts et de purs débutants à la même table.

Ceci dit, le cas des purs newbies reste improbable puisqu’un tel JdR s’adresse à ceux qui savent un minimum de quoi il est question. Et justement, c’est là que ça devient réellement intéressant. De la génération des 15 à 35 ans, peu de monde est passé totalement entre les mailles de Harry Potter. (Ceux qui l’ont fait joueront à autre chose.) La vitalité de la fanbase (fanfics, fanarts…) prouve à quel point l’univers parallèle de JK Rowling incite à la projection. (« Ah, si seulement j’avais reçu ma lettre de Poudlard ! ») Et donc, il se prête terriblement au JdR d’initiation.

Il n’y a rien de plus naturel que le JdR : tous les enfants se disent un jour « et si j’étais… » et certains n’arrêtent pas passé 18 ans. Un jeu comme Sombre est aussi incroyablement adapté à l’initiation, il suffit de se dire « faisons comme si j’essayais de te tuer ». Pas besoin d’entrer dans la théorie, c’est instinctif. Pour Tu es un sorcier c’est pareil : « Imaginons que tu ai reçu ta lettre de Poudlard à 11 ans ; comment ça se serait passé ? » On joue la scène et même pas besoin d’un perso, c’est la première étape de sa création.

« Bien sûr que cela se passe dans ta tête Harry… »

Après ma longue campagne des Ombres d’Esteren, et avant de tester Starfinder pour revenir à de l’old-school gras et bourrin avec ma table historique, nous allons tester une petite campagne de Tu es un Sorcier. Une virée en territoires nostalgiques qui ne nous empêchera pas de tester quelques astuces de mise en scène sympathiques pour créer, pourquoi pas, un groupe persistant que nous aurons plaisir à reprendre sur de futures années d’étude à Poudlard.

L’occasion rêvée de sortir mon superbe Livre des Potions du confrère Gastronogeek, pour siroter du Felix Felicis et de la Bièraubeure au caramel entre deux matchs de quidditch !

Bref, on en reparlera.

~ Antoine St. Epondyle

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