Comment présenter l’univers riche et complexe de COPS à mes joueurs sans ni les plomber avec des heures de laïus interminable (déjà testé), ni les larguer à poil dans la jungle (urbaine) et les faire passer complètement à côté de l’intérêt du jeu ?
Aucune idée.
Comme souvent, le mieux est sûrement entre les deux. J’ai donc écrit un pitch de l’univers du jeu, afin d’en faire une introduction riche mais synthétique en 10 minutes chrono. Publiée ici, elle est accessible en amont à mes joueurs, à vous chers lecteurs qui ne connaissez peut-être pas le jeu, et plus largement à qui voudra la réutiliser.
Nota bene : Nous jouerons à COPS en 2050. Je voulais adapter les dates, et finalement je les ai (presque toutes) supprimées. Parce qu’en fait, la plupart du temps, on s’en fout.
California dreamin’
Entre aujourd’hui et 2050, le monde n’a pas évolué vers le mieux. Vous pensez que le XXIème siècle est pourri ? Vous n’avez encore rien vu.
« Little One » est le plus gros séisme jamais enregistré en Amérique, qui réduit Seattle à néant et dévaste une bonne partie de la côte ouest. C’est le début de la plus grosse crise économique depuis 1929 dans le monde occidental.
L’ancienne superpuissance américaine affermit sa poigne à l’intérieur de son territoire et dans ses zones d’influence. Elle devient un état autoritaire religieux et raciste. Nombreux conflits armés, notamment en Corée et en Amérique du Sud.
Peu à peu, la crise économique disloque les Etats-Unis et le Canada. Plusieurs états deviennent indépendants : Quebec, Haïti (état témoin de Jéhovah), Hawaï, l’Utah (état mormon), le Nevada, et bien sûr la Californie en 2026. William Ross (premier homme sur Mars) devient président de cette nouvelle république bientôt rejointe par Hawaï et le Nevada.
Après « Little One » le chapelet des catastrophes naturelles n’a pas fini de s’égrainer. La ville de Tacoma est vitrifiée en trois heures par l’explosion du Mont Rainier. Au Japon, Kobé est anéantie par un séisme de force 9 avec complications nucléaires. La côte ouest prend conscience qu’elle vit sur une poudrière ; près d’un million de personnes quittent la Californie en 20 ans. Sur la route du départ, ces réfugiés croisent des centaines d’illuminés, mystiques, sectaires de toutes sortes venus attendre le grand cataclysme : un « Big One » promis pour bientôt.
Reste du monde : le conflit indo-pakistanais dégénère en échange nucléaire ; l’Europe devient un état fédéral ; nous ne sommes plus seuls dans l’univers. De nombreux mouvements sociaux new-new-age et religieux se préparent à la grande rencontre à travers le globe.
Les tensions raciales, religieuses et socio-économiques ainsi que les catastrophes écologiques et naturelles provoquent des vagues d’immigration sans précédent. La République de Californie apparaît pour beaucoup comme un nouvel El Dorado, une restauration du rêve américain. Les réfugiés, mais aussi les criminels du monde entier viennent tenter de s’y faire une place au soleil.
La Cité des Anges
L’image internationale de la Californie et toujours celle de ses plages, du showbiz, de la cause homosexuelle et des hautes technologies (intelligence artificielle et robotique). La réalité est un peu différente.
Entre les pressions extérieures de l’encombrant voisin, les enjeux du milieu de siècle et tout le pays à organiser, le chaos n’est pas loin. Los Angeles est une multitude, un patchwork hétéroclite de populations sans grand rapport entre elles. On recense plus de 200 langues et 14 millions d’âmes dans ce creuset surpeuplé et surpollué. La richesse la plus indécente y côtoie la pauvreté extrême, les technologies de pointe voisinent un mysticisme moyenâgeux, les ligues de vertu cohabitent avec l’industrie porno. L’argent irrigue tout et, bien sûr, le crime aussi.
De Beverly Hills à Santa Monica, les quartiers riches se terrent derrière de hauts murs alors que d’autres, Watts, Compton, Norwalk, sont livrés aux guerres de gangs les plus violentes. Dans certaines zones de non-droit, la police ne descend plus. Les crises économiques ont vidés des banlieues entières, aujourd’hui livrées au gob, une forme de pollution qui ronge le béton et fait s’effondrer les immeubles. On se came dans tout South Central, on se tire dessus dans la ville souterraine de LAX, même l’armée peine à tenir Inglewood. La vraie Californie est celle des dealers, des mafias, des marchands d’esclaves, des mendiants, des homeless et des chômeurs par centaines de milliers.
Cette réalité moins rose est aussi celle des flics. Une armée de fonctionnaires souvent sous-payés, des commissariats de quartier aux plus hautes sphères de la politique. Pour l’essentiel de pauvres types qui ont encore un vague idéal d’aide et de protection du citoyen.
Cette réalité c’est la tienne, mec.
Central Organisation for Public Security
Depuis la fin du XXème, toutes les polices du monde tendent vers l’ultra spécialisation. A chaque service sa fonction : stups, gangs, crime organisé… Mais les relations complexes entre départements, les échanges d’informations imparfaits et la bureaucratie légale contribuent à ralentir la lutte contre des mondes criminels en perpétuelle mutation.
En quittant la Californie, les agences fédérales américaines (FBI en tête) n’ont rien laissé derrière elles. La majorité des bases de données concernant les organisations mafieuses, la délinquance financière et les tueurs en série ont été « perdues ».
Pour répondre à ces nouveaux enjeux, et un peu pour des raisons publicitaires, le Los Angeles Police Department (LAPD) a fondé une unité d’élite transversale ; à l’origine composée de 50 membres. La Central Organisation for Public Security (COPS) ce sont des moyens humains et financiers exceptionnels, la crème de la police californienne avec des équipements dernier-cri (comme le mythique Colt Afrikaner fabriqué en série limitée), et des uniformes dessinés par Karl Lagerfeld. On recrute les meilleurs agents dans toutes les disciplines, avec pour prérogative de pouvoir se saisir de n’importe quelle affaire sur le comté de L.A, en dessaisissant automatiquement les autres agents en charge.
Vitrine de la modernisation des forces de police, coqueluche des médias et service de tous les records (y compris celui de la mortalité sur le terrain), le COPS a aujourd’hui stabilisé ses effectifs autour de 200 détectives dirigés par le Capitaine Jason Scripnick. La plupart des vétérans d’autres services, refroidis à l’idée d’être haïs par leurs collègues, ont finalement laissé la place à une majorité de jeunes, avides de faire leur preuves en grimpant très vite dans les échelons de la police. Une seule affaire peut vous faire entrer au panthéon ou détruire votre carrière.
Même au sein du LAPD, nombreux sont ceux qui affichent leur agressivité scepticisme à l’égard de ce nouveau service. Malgré leurs pouvoirs exceptionnels et les sommes investies, les résultats sont moins spectaculaires que prévus. Sur l’avenir du COPS à court et moyen terme, les paris sont ouverts.
-Saint Epondyle-
ça a l’air cool et décomplexé ! Est-ce qu’on pourra chevaucher des tyrannosaures ?
Éventuellement, oui. :)
Effectivement, un contexte bien sympa qui donne plutôt envie. Jamais vraiment fait de futurisme proche pour autre chose que des trop rapides one-shots… j’ai pas vraiment eu d’idée majeure. Je vais suivre toutes tes idées avec attention, et sans doute pomper un peu si autorisé^^ Bonnes parties!
Autorisé et encouragé ! Ça sert à ça, Internet. :)
Merci pour la présentation, c’est attirant. Mais j’ai un peu l’impression que c’est un nouveau Berlin XVIII non ?
Nouveau non, le jeu date de 2001. Tu m’en dis plus sur Berlin XVIII ?
On peut dire que c’est un nouveau Berlin XVIII oui. En tous cas, ça aurait dû l’être. Le projet COPS devait au départ être une quatrième édition de Berlin XVIII mais abandonnée pour cause de différents entre auteurs. C’est Siroz qui a développé les deux jeux, d’ailleurs.
Ceci dit, l’ambiance est très différente (a priori) puisqu’on passe d’un jeu assez noir et violent dans un décor berlinois forcément pas très joyeux au soleil de Californie et une ambiance plus cinématographique…