
Le génie c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration.
– Thomas Edison
S’il y a bien un concept qui me gonfle, c’est celui de « talent ». Ou en tous cas l’idée très répandue d’un don inné, descendu des cieux sur quelques élus créateurs pour les élever au-dessus de la médiocrité générale. Cela peut concerner n’importe quelle discipline : les mathématiques, le lancer de couteau, l’élevage d’hippocampes en milieu désertique et bien entendu la création artistique. Prenons donc, au hasard, ce dernier exemple.
J’ai commencé à dessiner comme tout le monde, lorsqu’on me mit des feutres lavables dans les mains à l’aube de mes jours. Ensuite j’ai suivi des cours d’arts plastiques, et enfin commencé le « vrai » dessin sur le tard. Depuis environ deux ans, je m’acharne à pratiquer presque quotidiennement. C’est difficile, surtout quand je me compare aux autres, et le résultat est rarement à la hauteur de mes espérances. Pourtant, la pratique du dessin me passionne, et mes progrès m’incitent à continuer. Or, tôt ou tard, celui qui dessine, écrit, peint ou fait n’importe quoi avec un peu de persévérance se voit invariablement dire : « Tu es doué, moi je n’y arriverais pas. » Quand cela signifie « tu es bon dans ce que tu fais », le compliment fait toujours plaisir. Mais trop souvent, cette idée de « don » ou de « talent » est une excuse pour justifier un déficit de motivation pour apprendre.
Dans l’absolu j’aimerais bien avoir la voix de Freddie Mercury. Et pourtant, je n’ai jamais chanté. Ou du moins je n’ai jamais essayé de chanter sérieusement, d’améliorer ma technique, gérer ma respiration etc. Bref, je ne sais pas chanter car je n’ai pas appris, je n’ai pas voulu apprendre, j’avais d’autres priorités. Freddie non plus n’est pas né rock star, mais contrairement à moi, il y a travaillé. Et pas qu’un peu.
On ne voit généralement de la création que le résultat -qu’on se permet de juger sévèrement- mais on ignore le travail en amont. On ne connait rien des nuits blanches de l’auteur seul face à ses doutes et à sa page blanche. On n’a pas idée du nombre de feuilles noircies par le dessinateur avant de publier une bande-dessinée, ni des centaines d’essais et de recherches non retenues. On se sent alors légitime devant le résultat final de déclarer que l’auteur est « doué », sous entendu « doué de talent ».
A ceux qui ne prennent même pas un crayon en main avant de balancer sur un ton de dépit « Oh là là, je ne sais pas dessiner comme toi, tu as Le Talent et moi pas, je n’y peux rien ! » j’ai envie de dire que non seulement je n’ai pas ce « Talent », mais surtout qu’heureusement je dessine mieux que celui qui n’a jamais touché un crayon de sa vie. Car mon niveau de dessin, tout comme cette « bonne plume » dont je serai l’heureux détenteur, j’ai travaillé -et je travaille encore- pour les construire. Supposer qu’un talent inné est possédé par quelques élus et leur confère la capacité à créer, c’est nier le travail accompli. C’est insultant. Que vous ayez d’autres priorités que d’écrire, de peindre, de chanter ou de jouer du saxophone je le comprends et c’est aussi mon cas, mais ce n’est pas une raison pour diminuer le travail des autres en tenant leur création comme une conséquence du destin. Une bonne plume, un bon trait de crayon, une voix juste, ça s’apprend. Et comme tout ce qui s’apprend, ça se travaille.
Thomas Edison disait du « génie » qu’il était composé de 1% d’inspiration pour 99% de travail. Si cette formule concerne au départ le domaine scientifique, elle peut tout autant s’y appliquer qu’à la création artistique. En général, on comprend cette citation de travers en disant « Le talent existe, et sans ce fameux 1% de génie, je serai incapable d’arriver à quoi que ce soit. » Erreur classique. Pourtant je vous invite à retourner le problème. Sans abattre les 99% de travail, comment pourriez savoir si vous êtes doué dans votre domaine ? Même si certains étaient prédisposés à la création, et détenteur de ce 1% fatidique qui leur permettra de tutoyer le génie créatif, comment pourraient-ils le savoir sans se confronter à leur art ? Vous avez peut-être une prédisposition pour le vitrail sur céramique chinoise, mais comment pourriez-vous le deviner sans vous y essayer ?
Je ne connais aucun génie créateur, aucun artiste, scientifique ni même sportif qui ait été consacré avant de réaliser quoi que ce soit. Il faut suer 99% de travail avant d’espérer -peut-être- se rendre compte qu’on avait au départ 1% de talent. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, vous auriez déjà 99% d’une œuvre de génie. Ça vaut le coup de s’y mettre non ?
~ Antoine St. Epondyle
« Ce dessin m’a pris cinq minutes, mais j’ai mis soixante ans pour y arriver. »
– Auguste Renoir
Fondateur de Cosmo Orbüs depuis 2010, auteur de L’étoffe dont sont tissés les vents en 2019, co-auteur de Planète B sur Blast depuis 2022 et de Futurs No Future à paraitre en 2025.
Merci, merci, merci, merci.
Tu as mis les mots sur un espèce de lassitude que je ressentais parfois à m’entendre dire « ouais mais toi tu réussis tout ce que tu touches, moi j’suis nul » ou bien « ouais mais faire un Pictionnary avec toi c’est de la triche ».
J’ai pas énormément bossé sur mes passions, parce que j’en ai pas eu le temps, et je sais que c’est de ça que vient la faible qualité de mes récents essais, en dessin notamment. Mais au moins je sais admettre que c’est parce que je n’y travaille pas assez. Et en effet, dans ces cas là, entendre certains dire « je sais pas faire ça, moi », c’est chiant au bout d’un moment. J’ai moins bossé que certains sur le dessin, certes, mais j’ai pas mal pratiqué quand même avant d’en arriver là, c’est pas tombé du ciel. Moi aussi je dépassais en maternelle. Et j’ai commencé par apprendre que jaune + bleu = vert, ça s’est pas imposé tout seul à mon esprit.
Et tu parles de peinture sur céramique, je trouve la référence très drôle, mais ça me fait penser que j’ai vécu récemment la même chose avec le tricot. Les gens ont ri, mais quand ils ont vu qu’avec mes petites mains j’arrivais à tricoter des fringues cools pour mes gamins, ils ont eu la même réaction qu’en voyant un portrait au fusain, finalement. Et pour le coup, le tricot on ne peut pas du tout appeler ça du talent, c’est de la technique à 100%, y’a aucune créativité si ce n’est choisir la couleur de la laine. Suivre un plan, l’appliquer, s’entrainer, recommencer. Comme pour tous les autres prétendus talents, en fait.
J’adhère. :)
Exactement ce que gazouille Stephen King quand on lui demande ce qu’il faut faire pour être un grand écrivain : écrire sans arrêt.
En revanche, nous pouvons déplorer quelques contre-exemples contemporains. Je pense notamment à la délicieuse Nabilla, dont le Talent seul l’a propulsé au firmament et plus haut encore. Elle n’a jamais foutu une rame, et pourtant, elle récolte encore les fruits d’une unique saillie intellectuelle avec une nonchalance qui force l’admiration.
[ne me dites pas que c’est un bug du système, il y en a tellement de cet acabit qu’un formatage de notre civilisation serait nécessaire]
oh que je suis d’accord ! Si certaines prédispositions existent, elles sont insuffisantes dans la plus grande partie des cas, si ce n’est toujours. Comme toi je trouve toujours un peu décevant d’entendre des gens dire » Quel talent, j’en suis bien incapable ! « . La réponse est souvent la meme « J’ai mis du temps… (et j’ai foiré un nombre incalculable de fois avant) »
Ta précision est donc importante meme si je pense que ce sont juste (la plupart du temps) des tournures de phrases ne cherchant pas à diminuer le travail réaliser. Le « j’en suis bien incapable » signifie la plupart du temps « Je serais bien incapable d’investir autant de temps, ou meme d’essayer, j’admire ceux qui le font. »
Malheureusement, l’histoire a démontré que la notion du talent inné n’était pas un mythe. Ton texte me fait l’effet d’un Salieri conspuant Mozart. Je suis d’accord pour dire que les purs génies créatifs sont rares en revanche, mais ils existent. Il se trouve que je suis assez doué en dessin depuis mon plus jeune âge. Le travail m’avait certes permis d’améliorer mon niveau, mais j’ai eu très peu à faire et j’y ai passé somme toute très peu de temps pour arriver à faire ce que je sais faire. Ne parle-t-on alors que de prédisposition pour ne pas parler de don ? Cherche-t-on à marquer le territoire des besogneux comme celui d’une normalité pour ne pas reconnaître l’idée même de talent ?
En ce qui me concerne, je pense que le talent existe. Je ne pense pas en avoir moi-même des masses, mais j’avais un avantage indéniable sur mes camarades de classe en art plastique (pas que d’ailleurs) et je ne pouvais pas me vanter d’avoir travaillé pour l’obtenir. Pour ce que j’en ai fais… Je ne suis pas dessinateur aujourd’hui parce que j’avais les capacités pour faire autre chose de plus « rémunérateur ». Mais je suis né artiste, je ne peux pas avoir une autre opinion.
Dans l’ensemble, ce que tu dis est vrai. Nous ne connaissons pas nécessairement nos prédispositions avant d’avoir essayé, et l’expérience est assurément la meilleure façon d’apprendre et de faire. Il est possible aussi que le talent ne puisse pas être reconnu par soi-même pour ce qu’il est, ou qu’en rejeter la possibilité qu’il puisse être inné nous dédouane de penser que certains sont véritablement plus méritant que d’autres dans un domaine ou un autre. Mais tu vois, je préférerai croire au contraire que tout le monde est doué naturellement pour quelque chose. Que le talent est inné et doit être révélé pour que chacun puisse réaliser pleinement son potentiel.
Après, je ne dis pas que quelqu’un qui n’est pas « doué » (allez, on va dire « prédisposé ») pour un art ne va pas réussir à force de travail à égaler le niveau des meilleurs, et à être reconnu comme talentueux. Mais j’ai vraiment une expérience de vie personnelle différente, et donc ne peux pas avoir une vision similaire à la tienne et finalement restrictive.
Il n’étonnera personne que je fasse sonner une musique légèrement différente, que l’auteur de ces lignes.
Par contre je suis assez d’accord avec Bloody Merry.
Posons les choses. Ce que je lis ici c’est une revendication, fondée, disons le tout de suite, et virulente (trop virulente) contre la négation du travail dans la création artistique. Et c’est là ou je suis d’accords avec Merry. Ce que le monde dit (commentateurs et auteur de cet article inclus) dans le « je n’y arriverais pas, tu as du talent » c’est effectivement un abus de langage ET une manière (inconsciente) de se dédouaner du manque de volonté pour réaliser les efforts nécessaires pour arriver à ce point. Mais ce n’est pas une insulte envers « l’artiste », plutôt le créateur, qui par ailleurs aurait bien du mal à certifier qu’il ne fait lui même jamais l’erreur en parlant des « œuvres » de ces petits camarades. C’est en cela que l’article me parait virulent.
MAIS ceci étant dit je vais reprendre une discussions Viennoise mon cher Epon ! Le talent existe, ça y est je l’ai dit. Nous ne sommes pas égaux devant chaque chose. Nous sommes plus ou moins doués naturellement tant pour les efforts, physiques, d’habilités ou intellectuels. Nier cela reviendrait à dire que quelque les personnes qui sont aujourd’hui dans des situations sociales précaires le mérite parce qu’elles n’ont pas assez travaillé. Nier cela reviendrait à dire qu’un aveugle de naissance (je sens le cas Beethoven arriver) à force de travail pourrait peindre de l’Ingres, qu’un cul-de-jatte pourrait battre le record du 100 m. Il y a des écarts naturels et sociaux qui sont difficilement rattrapables. On va me dire que Mozart était baigné par la musique depuis son plus jeune mais tout de même un menuet à 6 ans ! Il avait l’oreille absolue et une mémoire eidétique sans doute pas un don, mais du travail….
Je pourrais, en étant provoquant presque dire que la phrase d’Edison est une manière de s’envoyer des fleurs en expliquant qu’il mérite sa réussite et les félicitations, c’est beaucoup de travail et pas que de la chance. Et si j’étais encore plus provocateur je dirais que le 1% de génie c’est même une manière de se mettre dans une optique de mérite quasi divin (prédestination calviniste et société religieuse puritaine Américaine oblige), touché par la grâce et la volonté de Dieu (ce 1% de génie que Dieu lui a donné) il est doublement méritant, par son travail et par la grâce de Dieu. Je ne pense pas réellement cela mais on peut avoir de multiples interprétations pour une même phrase.
Oui l’art, le savoir, le sport, la réussite sociale sont dans beaucoup de cas la conséquence d’un travail acharné. Il ne faut pas l’oublier, surtout pas. Sans quoi on provoquera des frustrations énormes chez ceux qui se sont donné la peine de travailler, ce que l’on ne veut bien entendu pas. Mais de là à dire que seul le travail compte dans toutes actions humaines et que les conditions « naturelles » physiques et intellectuelles n’influencent pas si peu l’art ou les capacités sportives, l’efficience intellectuelle ou l’érudition c’est un non-sens. A mes yeux du moins.
Salut à tous, cet article m’a interpellé car j’ai aussi entendu ce genre d’affirmation auparavant et j’ai réagi de la même manière. Cependant je trouve qu’il manque une certaine nuance dans tes propos, notamment la présence, tout de même, de certaines personnes qui sortent du lot, je pense évidemment à tous les gens habituels, Newton, Galilée etc …
Pour moi, ces génies, comme tu ne les appelles pas, ont cumulé une certaines prédisposition dans un domaine avec la poursuite de recherches dans ce même domaine, ils ont évolués plus vite et ont poussé leur résultats plus loin que d’autres avant eux. Le travail ne suffit pas selon moi.
Pour reprendre l’exemple de Freddy, on aurait du mal à le voir remplacé par Carla Bruni qui malgré, je n’en doute pas, beaucoup d’effort et d’année de travail aurait du mal à se hisser à la hauteur. Certain chanteur ont la chance d’être classé dans la catégorie chanteurs à voix d’autre, tente d’écrire pour compenser, je pense à Renan Luce.
En revanche je suis tout à fait d’accord à propos de ces réflexions que tu as pu avoir car nous ne faisons pas partis des génies selon mon avis, enfin qui sais nous verrons peut être avant de mourir. La très grande majorité de toutes les populations n’a pas cette chance de trouver la parfaite voie selon ses avantages et d’y être suffisamment doué pour dépasser les autres. Je pense donc que cette petite exception manquait dans ton article même si, je m’en rends compte cela change tout.
Je finis tout de même en accord pour dire que bien évidemment rien n’est jamais fini par avance et que il faut toujours travailler pour avoir un résultat et que même les génies ont appris les bases en premiers. Le talent vient avec le travail, mais pas le génie, quant au don il n’existe pas.
En tout cas ton article est sympa et cool sujet.
« Faire aisément ce qui est difficile aux autres, voilà le talent ; faire ce qui est impossible au talent, voilà le génie. » Henri-Frédéric Amiel
j’ai une position un peu entre les deux.
par exemple pour le dessin, je suis d’accord avec toi Epondyle, selon moi ce n’est que du travail. pour reprendre un cas comme celui de l’ours : quelqu’un de meilleur en art plastiques sans travailler, ça peut juste être parce que, petit, il a aimer dessiner et l’a plus fait … et ça prend de l’ampleur avec le temps, je connais peu de gens qui aime dessiner alors qu’ils sont en -dessous de la plupart.
d’un autre coté je ne pense pas que certains arts, jeux ou autres ne rentre pas dans ce cadre.
j’ai pas trop d’exemples, mais je pourrais peut-être parler de l’humour, de la musique…
(je ne parle pas des génies soi dis en passant, mais des gens communs avec un niveau pas exceptionnel)
(de toute façon je trouve moi aussi que les gens ne devraient pas dire « moi je ne pourrais jamais y arriver ». Ils n’avaient qu’à mieux sélectionner leurs compétences au dernier level up)
Pour ma part, je pense qu’on ne peut nier les différences des individus, que ce soit au niveau de leur physique ou de leur mental. Nos cerveaux sont tous foutus un peu différement, et donc je ne nie pas l’idée que 2 bambins qui touchent un crayon pour la première fois donnent des résultats de « qualité » différente (encore faut-il définir la qualité d’un dessin, digression de 4000 lignes et on revient).
Par ailleurs, j’imagine en effet qu’il y a une sorte de cercle virtueux/vicieux qui rend ces petites différences de plus en plus grandes, puisqu’on se plaît généralement à exercer une pratique où l’on se sent supérieur aux autres, et inversement à abandonner una pratique où l’on se sent lésé.
Enfin, certains ont parlé de génie, mais comment faire la différence avec le talent ? Selon moi, un génie fait quelque chose d’unique. Or, pour rester dans le domaine de l’art, un faussaire qui imite à la perfection un génie est-il un génie lui-même ? Selon moi, oui. Sauf si le coup de génie résulte dans l’idée plus que dans la technique me direz-vous,mais alors l’idée ayant vue le jour, étant publique, elle cesse d’être unique, et donc d’être géniale.
Tant et si bien que je nuancerais l’article en disant : les génies n’existent pas. Quoique vous sachiez faire, un gamin de 4 ans le fera mieux que vous et youtube est là pour vous le montrer.
Toutefois, si j’admets l’idée de talent, il faut reconnaître qu’elle est très subjective, en témoignent la célébrité de certains artistes et scientifiques à titre postume, car leurs capacités n’étaient guère talentueuses aux yeux de leurs contemporains. Le talent, s’il est synonyme d’adéquation entre oeuvre accomplie et critères de qualité (qui restent à définir), alors il sera toujours présent et toujours inéquitable.
Je termine moi aussi avec une petite citation que j’affectionne, de l’abbé Pierre :
« Il ne faut attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien. »
En lisant vos commentaires je réalise, qu’en effet, la notion de talent est bien plus subjective que ce que j’en avais pensé en premier lieu. En fait, faudrait pas confondre talent, facilités, aptitudes, capacités…. bref, c’est quasiment un débat sans fin.
Disons que ce titre, « Le talent n’existe pas », est un bon coup marketing et a permis de remuer un peu la blogosphère (y’a pas que la météo qui est responsable du pic de visites de Cosmo, hein), et le point de vue bien tranché et tout à fait audacieux de l’article ouvre la voie à de nombreuses pistes de discussion…
Connaissant un peut ce cher Epondyle, je dirais qu’au fond, plutôt que de vouloir signifier que lui a beaucoup travaillé par rapport à d’autres, et se montrer supérieur (:P), il veut surtout rappeler qu’il appartient à chacun de se motiver rien qu’un peu pour pratiquer n’importe quel art, n’importe quel discipline, et que tant que l’on essaie pas, on ne peut pas savoir ce que l’on vaut. Parce qu’en fait, le plus agaçant quand on s’entend dire « ouais t’es trop doué, j’y arriverait jamais », c’est que ces phrases (de mon point de vue et dans mon cercle de connaissances) émanent souvent des mêmes personnes : les « sans-passion ».
Ceux qui sont si peu passionnés, qu’ils n’ont rien de passionnant. On a juste envie de leur dire « essaies, essaies n’importe quoi mais mets toi à fond dans quelque chose ! Quand tu auras trouvé ton « truc » à toi, tu auras des milliers de choses à me raconter. Chacun a son « truc », peu importe ce que tu choisiras, ce sera unique dans ta façon de le pratiquer, de l’interpréter, de te passionner, ou de le raconter… »
Bref, c’est comme ça que j’ai lu cet article, et ça a pas mal fait écho à ce que je vis ces derniers temps, depuis que j’ai ressorti mon carnet à dessin et que je gribouille au boulot sur le temps de ma pause déjeuner…
Nous sommes nombreux ici à connaitre IRL ce cher Epon et non, malgré sa dénégation/ revendication du statut d’artiste (qui personnellement me fait sourire) il n’est en effet pas du genre à se lancer des fleurs comme cela. Ils préfèrent laisser les autres s’en charger ;)
Mais à mon sens, si le titre est racoleur (il faut bien faire du clic, arf) il traduit tout de même très bien l’esprit de l’article et pour en avoir déjà longuement disserté avec Epon, à mon avis, son intention profonde. Ce n’est pas comme un simple « Il faudrait faire attention à ce que vous dites » que je lis cet article, mais comme une vraie revendication du poids du travail et de l’absence de talent dans toute activité. D’ailleurs si c’était un « faite attention à ce que vous dites » l’article aurait peu d’intérêt, on peut dire cela de n’importe quel sujet quasiment.
Par contre Kaa-Chan je te trouve particulièrement dure dans l’expression « ceux qui sont si peu passionnés, qu’ils n’ont rien de passionnant ». D’abords j’admets l’avoir pris pour moi, m’imaginant sans passion et puis je me suis rappeler que noon en fait, j’avais des marottes et des solidement installées, trop surement, d’autres ici peuvent douloureusement en témoigner. Mais tout de même, une passion peut être déjà d’un ennui mortelle pour celui qui ne l’est pas (au hasard un sport quelconque) et quelqu’un qui n’est pas particulièrement passionné peut être, à mon sens, très intéressant par sa vivacité d’esprit et sa capacité à rebondir sur les passions des autres sans imposer ou posséder la sienne.
Il y a peut être un peu de fainéante envie dans les exemples que tu donnes mais de là à les taxer d’un intérêt limiter je trouve la potion amère.
A mon sens, il y a un mélange un peu trop facile de termes qui ne sont pas synonymes pour étayer ce discours. En l’occurrence, je ne vois pas très bien ce que vient faire la passion dans ce débat. L’argument massue de cet article est de dire que le talent tel que la plupart des gens le comprennent est le résultat d’un travail. Mais Epon a quand même pris le parti de le définir comme un don latent, donc comme quelque chose d’absolu et d’inexplicable pour en prendre le contre-pied. Moi je prétends que le talent, est bien tel quel, un don latent qui peut émerger ou pas dans la vie d’une personne, qui ne doit rien à un travail préalable et qui est, de par sa nature innée, parfaitement inexplicable. Je suis convaincu que des gens en sont dotés. Ceci était mon propos pour défendre le droit d’existence de cette notion innée du talent.
Le discours dérive sur l’idée que la confrontation « personne talentueuse » / « personne a priori pas talentueuse » ne devrait pas être. Car en somme, toute personne, même « pas talentueuse », aurait la capacité d’atteindre le niveau de respect que l’on a pour quelqu’un qui nous en « met plein la vue ». Savoir si les gens qui nous semblent remplis de talents ont usé de travail pour arriver à projeter cette image ou pas est important dans la mesure où l’on prône l’idée que si la majorité ont dû bosser dur pour s’élever, il n’y a pas de raison pour que quiconque ne puisse pas reproduire ce schéma. A cela, je n’ai rien à redire. C’est une forme d’encouragement, un pousse au cul vers la réalisation artistique. Mais prétendre qu’il n’y a pas d’exception ou que le talent naturel et inné est une chimère pour en arriver là, je ne suis pas d’accord.
On n’a rien sans rien. La personne douée qui n’use pas de son talent et ne cherche pas à le développer n’est par conséquent pas plus méritante qu’une autre. Encore que cela dépende de quelle manière nous mesurons le dit mérite. C’est quoi au juste ? La reconnaissance d’autrui pour ce qu’on sait faire mieux que tout le monde ? Mais dans ce cas, prôner un nivellement du talent par le travail ne peut avoir qu’un seul résultat : faire disparaître l’idée même de talents.
Le talent existe pour deux raisons, à savoir qu’il doit être observable, donc la disparité des capacités artistiques des uns et des autres ne peut pas être niée, et qu’il soit inné ou non, il transpire dans les œuvres que nous contemplons depuis l’aube des temps. Des gens talentueux, il y en a des tas. Mais parce qu’il naît d’une combinaison de don inné, de prédispositions naturelles, d’éléments fortuits de l’existence, et éventuellement d’une passion, le talent n’est et ne sera jamais donné à tout le monde. Par ailleurs, je ne suis pas près de reconnaître le talent d’artistes modernes (comme par exemple une femme qui pond des œufs de peinture avec son vagin sur une toile…) dans la forme artistique proposée (dans mon exemple, une toile) alors qu’il ne sont doté que d’un incroyable culot pour faire le buzz ou briller dans les soirées mondaines auprès de personnes qui sont prêtes à leur reconnaître n’importe quoi pour se faire mousser eux-mêmes.
@Alexander Je m’excuses si mes propos t’ont paru un peu bruts, et si ça a pu te choquer. Mais j’assume mes paroles et je le redis : certaines personnes que l’on croise ne sont absolument pas passionnantes. Cela ne représente pas un grand nombre de personne, certes, mais il en existe, et j’ai l’honneur d’en croiser régulièrement ces temps-ci. Enfin, ces personnes sont peu nombreuses mais je les côtoie régulièrement en fait. J’ai même posé la question à l’une d’entre elles un jour : « Qu’est-ce qui te passionne dans la vie ? y a-t-il quelque chose qui t’intéresse, qui attise ta curiosité ? » et elle m’a simplement répondu « Bah non ». Au moins, la réponse a été claire. J’ai même tenté de lui fournir de pistes, mais qu’il s’agisse d’art, de sport, de culture, ou de toute autre forme de passion, sa réponse a toujours été la même.
Pour reprendre l’exemple d’Epon, je crois que je pourrais discuter des heures avec une personne qui pratique, a peut-être un talent ET SURTOUT une passion (je reviendrais après sur le lien entre les deux) comme la peinture sur céramique même si moi-même ça ne m’intéresse pas au premier abord. Par contre, j’ai cotoyé aussi des gens qui n’ont semble-t-il aucune passion, et même si j’ai parfois de l’affection pour ces gens, il est clair que leurs conversations (avec moi en tout cas) risquent fort d’être assez stériles si l’on sort du contexte dans lequel nous nous voyons habituellement (famille, boulot, ou autre).
@L’Ours : En effet, le sujet de l’article était bien le talent, et non la passion, je te l’accorde. J’ai sans doute ouvert un débat parallèle qui n’avait rien à faire ici. ;) Je pense moi aussi que le talent est inné dans un sens, mais je rejoins Epon sur le « 99% de travail ». Y’a un moment où, si Freddy Mercury était pas né dans une famille de musiciens et n’avait pas pratiqué la musique dès son plus jeune âge… il aurait sûrement pas réussi tout ça, malgré un talent inné certain. On ne nait pas tous avec de telles cordes vocales, c’est sur ! Les plus grands sportifs ont un talent, une prédisposition, mais ils s’entrainent dur, on ne peut pas le nier. Ce débat là est très riche, c’est certain, et les point de vue sont bien tranchés.
J’ai vrillé sur la passion, car quand Epon parle des remarques de certaines personnes au regard de nos travaux, il y a à mon sens bel et bien un rapport. En règle générale, le talent dont dispose quelqu’un (même si ce n’est qu’à hauteur de 1%) ne se révèle qu’en y travaillant. Et afin d’être au top dans sa pratique, il faut nécessairement de la passion. Et il y a une part de ces personnes, même si leurs remarquent doivent souvent être prises comme des compliments, qui ne se rendent pas compte du travail fourni pour arriver là, car souvent elles-mêmes n’ont pas de notion de « passion », du temps que cela prend, de l’investissement personnel qui en découle.
Pour ma part, je n’ai peut-être aucun talent pour le dessin, la photographie, ou le tricot. Toujours est-il que j’y ai beaucoup travaillé, sans que ce soit une contrainte car il s’agit bel et bien d’une passion. J’apprécie les compliments, mais j’apprécie moins quand les remarques sont un peu acides, l’air de dire « c’est dégueulasse que ce soit tombé sur toi et pas sur moi », comme une espèce de jalousie infondée.
C’est mon point de vue, parce que je l’ai vécu et que je le vis encore parfois.
@ Tous > Merci déjà de vos commentaires enflammés. Apparemment la question divise. Laissez-moi donc vous préciser mon avis sur la question.
Première remarque (sans doute pas la plus puissante) sur Nabilla, cher Tigre, tu dis qu’une phrase la propulsée au firmament. En fait, ça n’est que de la célébrité, je ne mets pas ça avec la qualité de la prestation personnellement. Même si c’est vrai que nous vivons dans un monde qui assimile trop souvent les deux.
Deuxièmement, savoir si –sous couvert de citation d’Edison- je me lance des fleurs, la réponse est oui. Je ne suis pas peu fier de mon travail (prenons déjà l’exemple de Cosmo, c’est un gros aperçu) et je trouve ça assez normal. Donc être fier de soi, oui, et pas qu’un peu. C’est ce que j’appelle du « bon orgueil ». Quand au fait de se considérer ou pas comme un artiste, c’est toujours le même problème : la définition de l’art. Personnellement, je ne m’attribue jamais ce label et je passe mon tour pour la définition.
Troisièmement, je ne voudrais pas donner l’impression de mépriser qui que ce soit. Malgré tout, ceux que Kaa-Chan appelle les « sans-passion » représentent une catégorie de gens ultra-représentée et infiniment difficile à comprendre pour moi. Je ne les méprise pas ; mais je trouve leur situation assez triste. En tant que geek, j’ai du mal à comprendre ce positionnement opposé.
Enfin, et c’est sans-doute le plus intéressant, je suis d’accord sur l’idée que nous pouvons être plus ou moins compétents à la base dans un domaine d’activité. Untel aura une bonne ouïe, untel sera plus dextre, ou fort, etc. Ensuite, le travail permet de transformer cette caractéristique innée en compétence apprise (comme la séparation classique carac / comp dans nombre de JDR).
Comme souvent en philosophie, nous sommes sur un débat de proportions. A partir de quel niveau une caractéristique innée est-elle un « don » ? Aucune idée, je, nous, ne pouvons pas répondre. Des petits génies comme Mozart relèveraient-ils d’un talent qui prendrait la forme d’une sorte d’autisme uniquement positif ? Je n’en ai pas la moindre foutue idée.
Mon article, que je trouve même à la relecture clair en ce sens, prend le point de vue du créateur. Pas de la critique ou du spectateur. En tant que créateurs, nous possédons peut-être c e fameux « 1% » d’Edison, ce truc en plus qui nous fera tutoyer les cieux artistiques. Sauf que si ce « don » est attribué au hasard à une personne sur dix, cent, mille, un million, nous ne pouvons de toute façon pas le savoir. Et tout le monde n’étant pas Mozart, autant se dédier au domaine qui nous botte (et qui sera sans doute celui où nous aurons des facilités, masochistes exclus) afin de tenter d’y progresser. Mais alors, le travail est indispensable. Penser que n’importe qui, y compris Mozart ou toi l’Ours, avec ta prédisposition artistique, vous pourriez arriver à des œuvres complètes et de qualité en claquant des doigts, c’est une connerie.
Ce qui me permet d’ouvrir sur une nouvelle question, sans doute encore plus problématique et qui rejoint ma remarque sur Nabilla : C’est quoi, une œuvre de qualité ? A première vue, l’art est une zone dont le centre (Mozart, Picasso, et tout le bordel) est bien accepté par tous, mais les bords excessivement flous et variables.
Et si le « don » que vous attribuez à certains génies, était ce quelque-chose qui permettait –plutôt que de créer une œuvre de qualité également accessible à force de travail- de la rendre universelle et reconnue comme tel par tous ?
Vous avez 4 heures.
Une connerie ? Tu laisses hélas un flou conséquent sur la notion de « travail ». Il y a le travail pour faire, et le travail pour apprendre à faire. A mon sens, tu n’as jamais évoqué que le second dans ton article. Aucune raison de s’attarder sur le travail pour faire, car oui, ce n’est pas magique, l’oeuvre doit être bâtie, peu importe les matériaux et les outils entrant en jeu, il faut pouvoir la construire pour la montrer. Cela est effectivement du travail. Mais non, ce n’est pas une connerie : Mozart a écrit des opéras entiers sans le moindre « travail » préalable. Il écrivait de la musique comme on respire, il ne faisait pas de brouillon, il pensait l’oeuvre. C’est sans conteste une de ces exceptions qui frappe un si infinitésimal pourcentage de la population qu’on la relègue au rang de monstruosité de la nature pour ne pas reconnaître que le talent à l’état pur n’est pas un mythe. Et tu persistes et signe dans la voie contraire. Libre à toi, si ça peut te rassurer. Je te trouve un peu incisif voire acerbe dans ton propos d’ailleurs. Me citer moi au rang d’un tel génie est quelque peu insultant pour ce qu’il était. Ou nous mettre au défi de redéfinir le talent dans un cadre qui te correspond mieux, un détournement d’idée. Si nous ne nous entendons pas sur ce qu’est le talent, il est inutile d’en parler, ni de se montrer sectaire.
En définitive, je trouve juste ton propos initial provocateur et ton argumentation difficilement défendable. On ne peut pas simplement dire « le talent n’existe pas » et rester sur une position qui en nie les contre-exemple ou qui les ignore en les diminuant.
De mon côté, je reconnais que je n’ai pas été tendre avec ce que tu avances. Même si je ne le nie pas, même si je ne dénigre pas ce que n’importe qui peut faire ici avec passion et travail (à savoir, travail pour apprendre/s’entraîner à faire), et même si je ne saurais probablement pas faire la différence entre un Mozart et un Cocciante sur la notion de « talent », je ne souhaite décourager personne de croire en ses capacités. L’humanité n’a pas besoin de comprendre ce qu’est le talent pour qu’il existe, et je ne vois pas le mal qu’il y a à laisser croire ceux qui s’émerveillent de vos œuvres du talent qui est le vôtre, même s’ils vous semblent berner iceux en leur laissant le penser. Que les contours en soient ou non flou, que vous soyez dans l’ombre imprécise de ses limites, d’un côté ou de l’autre, et que les gens y croient ou non, le talent existe et se passe de nos avis.
Mille excuses si je t’ai paru trop violent dans mes mots, ce n’était pas du tout mon intention. On ne dira jamais à quel point l’écrit et son absence de ton peuvent prêter à confusion.
Vraiment désolé, je te répond prochainement sur le fond du sujet.
Je connais quelques personnes douées naturellement depuis leur plus tendre enfance dans des domaines créatifs divers, la plupart se contentent de refaire toujours les mêmes choses sans chercher à s’améliorer. C’est un trait qui m’a frappé, et je ne sais pas si cette prédisposition négligée est répandue ou pas. J’en vois plus qui ont une envie depuis longtemps, et qui doivent trimer pour faire évoluer leur processus créatif, c’est mon cas avec l’écriture.
Concernant Nabila, je suis étonné que son cas soit abordé sur cette thématique, car à mes yeux, il n’est pas question d’un processus créatif, mais d’un produit marketing totalement lisse, formaté pour de la consommation rapide. L’individu disparaît derrière le concept de marque, dans ce cas, cherchant à surnager dans l’émergence quotidienne d’autres marques similaires. Bien que les créatifs existent évidemment dans les milieux de la comm et de la pub, là, c’est un simple produit, acceptant son statut et le revendiquant même, sous couvert de thématiques porteuses (libération de la femme, etc).
Tu n’as pas tort sur cet aspect. On peut effectivement observer assez souvent une disparité entre le don et la volonté de s’en servir. En ce qui me concerne, mes dons pour le dessin ont fini par passer au second plan. La raison en est simple : décrocher un métier dans le dessin artistique il y a 25-30 ans était « une folie ». C’est à dire que dans la mesure où j’avais le choix entre une carrière artistique difficile à assumer et une carrière dans l’informatique (très porteur à l’époque), on ne m’a pas laisser me poser trop de question (et puis de toute façon, j’étais une bille absolue en français, jamais eu la moyenne avant de commencer mes études, et miraculeusement eu 11 au BAC). C’est pas forcément plus simple aujourd’hui de se lancer dans la création artistique, l’actualité en atteste, mais je pense justement que c’est un frein au développement individuel. Cette « paresse » vis-à-vis d’un talent naturel et parfois d’une passion peut donc tout à fait venir de là. Autrement dit, c’est l’argent qui parle et c’est presque de la foi aveugle que d’espérer gagner sa vie avec l’art.
@ Nounours > Je suis d’accord sur l’idée qu’on peut séparer la notion de « travail » en au moins deux réalités, le travail pour faire (la production, même si le terme est moche et connoté) et celui pour apprendre (l’apprentissage).
Tes arguments me parlent. Mais pour Mozart pourquoi ne pas considérer comme je le suggérais plus haut, une forme d’autisme par exemple, lui conférant de telles capacités comme certains calculent très vite de tête ? En fait, je n’en sais rien et si c’est réellement ce qu’il était -non romancé après coup ni exagéré- alors sans doute qu’il incarne le talent, le vrai. Mais en effet, c’est un cas rarissime, d’ou ma méfiance.
Ensuite sur ta conclusion « le talent existe et se passe de nos avis », la formule est chouette mais ça me rappelle un peu les débats avec les religieux qui -confrontés à un athée convaincu- lui répondent « c’est pas grave Il t’aime quand même ». En gros, ça me fait un peu l’effet d’un TGCM (Ta Gueule C’est Magique). On en arrive de part et d’autres (pour moi aussi hein) au domaine de la croyance. Ceci étant je ne suis pas certain qu’on puisse trancher nous, ici et maintenant, alors pourquoi pas.
@ Derynnaythas > Oui sur Nabilla on est bien d’accord. Et je ne suis même pas sûr qu’elle essaie de porter vaguement une thématique porteuse. C’est plutôt une course à la célébrité dans laquelle tous les moyens sont bons.
Côté produits formatés, on pourrait trouver pas mal d’autres exemples. One Direction, Lady Gaga…
Cette notion d’autisme est aussi porteuse d’une forme de dénigrement. Un moyen de refuser une définition convenable du talent à ceux qui en sont porteurs. On peut penser que le cas « Mozart » a été enjolivé (même si de nombreuses démonstrations et recherches attestent ce que je dis), mais quel intérêt d’en faire une exception rarissime ? Pour l’exclure de la liste des contre-exemple ? Ta volonté de douter de tout est tout à ton honneur, mais nous place tout deux dans l’embarras. Ma perception de la notion de talent en tant que don immanent est obligatoire car elle réside dans une expérience personnelle, qui n’a certes pas la dimension de ces figures quasi-mythique de l’art qui jalonnent l’Histoire, mais qui est pour moi la preuve qu’on n’a pas obligatoirement besoin d’apprendre pour savoir. Rien à voir avec une croyance : en ce qui me concerne c’est un fait, c’est véridique. Et je me considère comme un mec normal. A ce stade du débat, la seule chance que tu as de me voir reconsidérer ma position serait que tu me prouves que je n’ai jamais eu le moindre don. Tu peux faire ça ? Désolé de mettre à ce point le focus sur ma personne, ce n’est pas mon genre, mais ta déclaration initiale me touche vraiment, car c’est un peu une négation de ce que je suis, ou alors une forme de discrimination.
« Le talent n’existe pas » reste pour moi une affirmation totalement fausse. Tu as construit ton argumentation dessus et ce que tu dis par ailleurs (sur la notion de travail d’apprentissage, sur la considération que l’on a sur les artistes, etc.) est assez juste, mais je ne peux pas reconnaître ton postulat de départ. Et puisque tu parles de croyance, il me semble à moi que c’est toi qui nous l’impose comme une vérité dogmatique. Comme quoi…
En définitive, mon propos n’est pas du TGCM, mais j’admets que tu dois à la base me faire confiance, donc « croire » dans ce que je te dis à mon sujet, afin d’adopter un point de vue plus nuancé. Et compte-tenu de notre relation distante par mail ou blog interposés, je devine que tu peux avoir des réticences. A toi de voir ce qu’il convient de faire. Il est certain que tu auras beau triturer les définitions et ton développement comme tu veux, tant que tu affirmes que « le talent n’existe pas » je ne peux pas être d’accord. Ou alors, tu n’as qu’à dire que c’était racoleur et pour me faire monter sur mes grands chevaux et je te pardonnerais :P
+1000 pour l’ours.
Pour croire que le talent n’existe pas, il ne faut pas en avoir.
Ah ah ! Bel esprit de synthèse.
Je pense que tu parle essentiellement de la technique, la technique c’est du travail, mais est ce que un résultat de talent ne peut s’acquérir que par la technique ? dans ce cas la énormément de gens serait des Picasso, il y en surement un certain nombres qui on plus travaillé leur technique que lui.
Mais pourquoi entre une personne qui à une technique incroyable et une personne qui a une technique rudimentaire, celui qui a moins de technique peut être qualifié de plus talentueux ? Et bien surement par le génie, dans laquelle (dans l’art par exemple) on implique l’originalité, la touche que on ne peut expliquer qui nous fait voyager, quelque chose qui fait plus de sensation qu’une technique poussé. Et ça c’est surement le génie, est ce qu’il s’apprend ? telle est la question ? personnellement je pense que on pourrait plus dire qu’il se cultive, peut être y a t’il une part de inné mais elle est surement très infime.
Quand au talent je pense que c’est la combinaison des deux: Génie et Technique. La technique peut se suffire à elle même car elle est toujours impressionnante, mais si on a seulement que le génie et pas les outils pour l’exploiter, obtenir un résultat talentueux semble compliquer. C’est d’ailleurs tout le problème de l’art contemporain qui est presque totalement conceptuelle, qui impliquerai donc selon mon commentaire que le génie.
Par exemple: C’est comme si j’avais des idées génial dans la musique mais que je ne sais joué aucun instrument, je ne peut obtenir de résultat malgré mon génie. Alors qu’une personne savant jouer obtient un résultat même si elle n’a pas d’idée génial de composition ou autres.
Ce soir, en écrivant un texte, je me suis posé la question suivante : « si je m’aide d’un dictionnaire pour écrire, ai-je vraiment un talent pour l’écriture ? »
Une personne m’a alors parlé de la citation d’Edisson et je suis tombée sur ce site. Je n’y avais jamais vraiment réfléchi avant, mais je suis d’accord avec toi.
On m’a toujours dit que j’avais un talent pour l’écriture. Mais j’écris depuis que je suis petite.
On m’a également toujours dit que je ne savais pas dessiner. Mais la réalité… c’est que je ne dessinais jamais, ou alors que je faisais des dessins ratées dignes d’un enfant de 3 ans parce que je ne travaillais pas dessus et avais la flemme.
Un jour, en cours d’arts plastique au collège, j’ai pourtant pris le temps de me concentrer et après plusieurs heures de travail… Mon dessin était réussi et j’avais eu 16 / 20.
Il y a quelques semaines, une personne m’a proposé de faire de la peinture. Je n’ai jamais peint de ma vie. Elle m’a donné des conseils et après plusieurs heures de travail, j’ai réussi. Je suis encore étonnée d’avoir réussi un si beau tableau !
Bon, j’en rate également plein, mais il n’empêche que j’en ai déjà réussi deux… et pourtant je n’avais auparavant jamais peint de ma vie.
Donc oui, le plus important dans le fond pour créer, c’est le travail et la concentration… Il faut donc dans tous les cas en avoir envie et avoir énormément de patience…
Quand j’avais 14 ans, j’ai raté une fois mon Brevet des collèges (avant de l’obtenir l’année suivante). Si on en croit ce que disent les gens sur les forums, je suis donc une fille extrêmement débile dénué de toute forme d’intelligence. Parce que pour eux, le Brevet c’est comme 2 + 2.
Mais qu’est-ce qui se cachait derrière cet échec ? Un manque de travail absolu. Absolu oui, parce que cette année-là, j’avais manqué plus de six mois de cours pour cause de dépression sévère et d’anorexie. J’ai subi du harcèlement scolaire. J’étais à l’hôpital. J’avais 3 de moyenne générale. Je ne foutais rien, je ne pensais qu’à la mort et je rendais copie blanche à chaque contrôle. Puisque je voulais mourir, les notes n’avaient plus aucune valeur pour moi…
Quand j’étais à l’école primaire, j’avais pourtant 16 / 20 de moyenne générale, j’étais une excellente élève. Une personne intelligente deviendrait donc débile comme ça ? Cela n’aurait aucun sens…
Le seul point où je ne suis pas totalement d’accord avec toi, c’est celui-ci :
« Dans l’absolu j’aimerais bien avoir la voix de Freddie Mercury. Et pourtant, je n’ai jamais chanté. Ou du moins je n’ai jamais essayé de chanter sérieusement, d’améliorer ma technique, gérer ma respiration etc. Bref, je ne sais pas chanter car je n’ai pas appris, je n’ai pas voulu apprendre, j’avais d’autres priorités. Freddie non plus n’est pas né rock star, mais contrairement à moi, il y a travaillé. Et pas qu’un peu. »
–> D’un côté tu as raison. Mais d’un autre, le chant est une activité artistique qui diffère des autres. Ce que je veux dire, c’est qu’on peut prendre tous les cours de chant du monde, on ne pourra jamais changer le timbre de notre voix. Et le timbre, c’est quand même la base à mon sens.
Bonjour,
Je tombe sur cette discussion après un débat enflammé avec un ami compositeur. Depuis cette discussion, notre amitié n’est plus. Pour lui cette question est cruciale, pour moi aussi. Je suis guitariste, enseignant la guitare classique et aspirant compositeur.
Je vais vous exposer le plus brièvement mon expérience. Durant mes vingt années d’enseignement j’ai du voir passer entre mille et mille cinq cents élèves. Je n’en ai rencontré aucun qui avait du talent dans le sens commun du terme.
Les pesonnes plus aptes que d’autres manifestaient non pas des qualités intellectuelles mais bien des qualités physiques, physiologiques, pas nettement supérieures, simplement légèrement favorisées.
Ainsi, un élève à la bonne condition physique bénéficie d’une coordination, de reflexes, d’une endurance, d’une respiration efficace. Ce sont des avantages. Notez qu’une personne handicapée physique peut parfaitement réunir ces qualités sans forcément pratiquer le sport. Les sportifs de haut niveau que j’ai pu cotoyer n’avaient pas un avantage déterminant et notable. Juste un corp en bonne condition et efficacement utilisé est nécessaire.
Pour finir sur ce point, ces qualités corporelles peuvent s’acquérir avec le travail intelligent.
On sous-estime la mauvaise utilisation de notre corp dans les pratiques artistiques. En orient la séparation corp/esprit est moins marquée.
De nombreux apprentis musiciens arrête car il ne supporte pas les douleurs occasionnées par la pratique instrumentale.
Le seul instrument de musique avec un réel don est le chant. Votre guitare est mauvaise, c’est une affaire de sous. Pour le chant, cela ne s’achète pas.
Une aptitude determinante est la capacité à transformer le travail en plaisir, la douleur en jouissance. Je ne fait pas l’apologie du masochisme. Un corp bien utilisé est fondamental. La douleur en ce qu’elle témoigne d’une souffrance corporelle est à banir.
J’entend par douleur, ici, la,douleur psychologique. Que ce soit une forme de fainéantise, une absence de passion ou autre chose qui la crée, il y a une souffrance à créer. C’est un accouchement. Le travail est une violence à l’égard de nous-même.
Apprendre à apprendre est la clef du talent. Convertir la souffrance en plaisir est l’art d’apprendre.
Il y’a deux façons de procéder:
-la projection dans le futur, je n’y arrive pas aujourd’hui mais je sais que demain sera différent. Elle s’adresse a des personnes confiantes en elles, qui ont déjà entrepris et réussies, les enfants sont peux receptifs sauf quelques-uns. Ces derniers sont ceux que nous nommons traditionnellement doués car ils ont compris parfois très tôt qu’il vont y arriver et on cette soif d’avancer insatiable dans tous,les domaines. De mon expérience ils sont très rares. Mais ils travaillent. Eux ne le perçoivent pas comme cela mais,ce,sont des réels besogneux.
-la conversion du travail en jeux. Le jeux est fondamental. Et ici les enfants sont les rois alors que,les adultes érigent des barrières psychologique. Certains appelleront ça de la fantaisie pour se justifier.
L’art n’est qu’un jeu, et le jeu est l’activité la plus importante et la plus sérieuse pour un enfant, bien plus que le travail.
Pour finir, j’aimerai juste préciser quelques points sur Mozart.
Mozart composai « à la table », sans instrument. Cette faculté n’est pas exceptionnelle ni hors du commun. Elle demande un très gros apprentissage mais n’importe qui a les facultés pour y arriver. Aucune aptitude exceptionnelle. C’était une qualité assez répandue dans le passé ou,l’écriture, les feuilles et l’encre avaient un coup non négligeable, les peintres en savent quelque chose.
On a trop tendance à le mettre sur un piedestal. Or, a son époque il y a enormément de compositeurs d’immense valeur. Il a juste respiré tout l’oxygène. Néanmoins il ne s’agit pas de le descendre. C’est un compositeur majeur et phénoménal mais n’oublions pas les autres qui n’ont,pas manqué de nous offrir des pages de musique de qualité equivalente.
Pour conclure, je dirai qu’il n’y a que du travail, absolument que ça, que de la sueur. Mais qu’il y a une faculté que chacun peut acquérir à tout âge et dans tous les domaines et qui est apprendre à apprendre. C’est le seul talent que je connaisse.
Mon ex-ami me reprochai que j’était méprisant car j’évaluai la réussite au travail et donc pouvai hiérarchiser les individus.
C’est vrai, il est possible de déterminer une qualité de production et donc de hierarchiser cet aspect du travail créatif, d’y trouver une forme de cohérence plus complexe, profonde et plus organique dans certaines œuvres plus que dans d’autre et qui n’est que le résultat d’une quantité d’heure la plupart du temps collossale.
Cependant c’est un aspect de l’oeuvre et il ne faut pas occulter qu’une oeuvre existe aussi dans sa capacité à faire entrer des humains en relation, et son potentiel onirique et evocateur. Cela reste l’aspect magique et que je qualifierai d’aléatoire et que personne ne maîtrise.
Penser qu’il n’y a que du travail convertis en source de plaisir est une forme de foi en l’humanité, c’est un profond respect pour ce que peut accomplir chaque être humain. Tous nous avons ce potentiel qui ne demande qu’a se liberer.