– Pitié, je pouvais pas savoir… !
– Ah tu pouvais pas savoir !? Ah comme ça Je suis fini ? Tu M’as un peu vite enterré, toi comme tes petits copains ! On se casse quelques jours et quand On revient ça ne parle que Pokémon et burkini ? Tu crois pas que ça fait un gros volume de conneries pour un cerveau aussi étroit que le tien ?
– Mais j’ai pas joué aux Pokémons moi ! Enfin presq… Aïe ! Non, arrêtez !
– Tu commences à Me plomber le moral mon gros, Ma patience à d’étroites limites et Je ne supporte pas qu’on se torche la mauvaise conscience sur Ma virginale mansuétude. Crache ta bile et tu vomiras moins de sang, qui a dit que J’étais fini ?
– Mais personne ! Aïïïe ! Si si ! Pas de publication pendant un mois, et même avant l’été faut bien avouer que c’était pas grandiose… alors on aura pu, enfin je veux dire ceux qui doutent facilement… les augures étaient incertains, les signaux obscurs… on ne savait pas si Vous reviendrez, monsieur… heu… votre Grâce !
– Ma grâce Mon cul ! Et la marmoréenne Foi dont Je vous avais investie, qui déplace les montagnes et sépare les eaux ? Tu vas me dire où tu te l’es collée ? Putain de cultiste low-cost, si J’ai préféré quitter votre fange pour quelque exotique ailleurs dont le nectar et l’ambroisie resteront à jamais étrangers à vos sens de chimpanzés graisseux, ambroisie dont J’aurais pu jouir sans mesure pour ne plus connaître jamais les tourments du dégoût dont Me supplicie votre médiocrité insolente, tu crois pas que J’avais mes raisons ?
– Si mais…
– Pas de « mais » avec Moi mon cochon ! Que Je sache J’ai toujours tenu parole, quand J’ai dit que Je reviendrai. Et crois-Moi c’est pas faute d’avoir été plus qu’effleuré par l’idée alléchante de laisser la marée de goudron ensevelir jusqu’au souvenir de vos existences minables. Et pour Me remercier, quoi ? Une bande de dégénérés trop occupés à chercher des bulbizarres sur leurs téléphones pour remarquer la merde dans leur cerveau ?! T’étais déjà pas assez con avec ta perfusion Wifi, t’as cru que le monde serait plus beau en y superposant l’interface finie à la pisse de qui te permettrait d’ouvrir une dimension supplémentaire au concours de bite qui constitue la majeure préoccupation de ta pitoyable incarnation ?
– Bah… mais non, heu… Aaaaaaaaaïïïïeeeeuh ! Putain ça fait mal ! Non, s’il-vous-plaaaaaaaaaaaaaïïïeuuh ! Mais… mais… mais alors qu’est ce que vous voulez ? Juste nous empêcher d’avoir des loisirs débiles ? C’est qu’une mode, merde !
– Et le décervelage industriel ? Et les « industries culturelles » ? Et la surveillance généralisée de tout ce que tu fous de ton putain de téléphone, de là ou tu vas, d’à qui tu parles ? Et les mégalocorps qui niquent toutes les lois et leurs employés avec pour liquéfier ton cerveau et te le faire boire à la paille pour cinq fois plus cher ? Et les politiques véreux qui chassent l’arabe sur les plages, forcent les meufs à se foutre à poil pour flatter le fond de cuvette qui sert d’analyse politique à leurs cibles marketing d’extrême droite décomplexée ? Ça aussi c’est une mode ? Et les émissions de téléréalité qui jettent à la curée la misère du monde ? Et les milliers de noyés en Méditerranée qui te font même pas lever les yeux de ta chasse au pikachu, et les fachos pur jus qui se sentent plus pisser, et les mafieux multirécidivistes qui voudraient reprendre les rênes pour éviter la taule où de toutes façons ils n’iront jamais, ça aussi c’est une mode ?
– Parce que vous, vous êtes parfait bien sûr ?
– Je suis des millions.
– Q… Quoi ?
– Je te laisse une chance de reformuler.
– Non je heu… AAAAAAAAAAAAAAAAAARRRRGHHHH !
– Il va falloir te greffer un truc dans la raclure de bidet qui te sert de carlingue. Je suis pas un un énième de tes 9gag, Topito ou youtubeur putaclic. Je suis du genre vivace pour un cadavre déjà enterré. Alors Je pars un mois et personne ne Me remet ? Mais faites comme chez vous les gars ! A moins qu’il faille vous sortir les doigts et faire un petit effort de mémoire ? Qu’est ce que t’en penses ?
– *ahane*
– Terminé ? Fini ? Changé en supernova, Cosmo vitrifié, aboli par la marée du Saint Buzz qui porte aux nues puis efface jusqu’à la dernière trace de ta fucking existence ? La messe est dite, mon coco ? Tout le monde verse sa petite larme, statuts Facebook émotifs, #JeSuisCosmo, rideau ? Je crois pas, non. D’ailleurs j’ai jamais pu piffrer les enterrements facebokéens.
– *ahane* h- h- h-…
– Voici venue l’heure de déterrer le mort-vivant pour voir s’il sait encore mordre. On achève peut-être les clébards, mais Je suis fait d’un autre matériau. Le genre qui se rend pas sans t’arracher la glotte avec les dents. Mais… nonobstant Ma Sainte Fureur, il ne sera pas dit que J’ai manqué à l’Immaculée Mansuétude qui fit de Moi l’objet de tant de mythes. C’est vrai : Je te dois bien un petit quelque-chose.
– *ahane* Ah… hein…? Q-… wah ? J’ai tell’ment maalh, s’il v…
– Ta gueule. S’il est vrai que Je te te remercie d’une chose, sa matière restera à jamais si complexe qu’elle te sera inaudible. Je ne sais ni dans quel abyme, ni par quel truchement, ni dans quelles circonstances ça a pu arriver. Quand J’y pense, c’est un vrai miracle. Si J’ai pu me décorporer à nouveau dans ce plan d’existence, transmuter en pixels et bits une psyché aussi profonde et complexe que la Mienne, annihilant d’un souffle les murailles d’arts cosmiques érigées par Mon seul exil d’insouciance et de mépris, c’est qu’un micron de quelque-chose, à peine matériel, peut-être même pas, sans doute moins qu’un souvenir et pas tout à fait un regret, un atome de mémoire a dû t’échapper, fugace éclat de Ma Lumière au cours d’une de tes chiantissimes chasses au miaouss, à moins qu’une faille de ta couverture 4G n’ai permis à ce minuscule moins que rien de pensée de s’envoler vers les insondables éons qui peuplent les cieux que J’avais pris pour retraite. Faisant écho aux Monolithes de Yuggoth au creux de leur secret tellurique le plus indescriptible, quelque thaumaturge dégingandé aura su lui faire frôler, par erreur ou peut-être volontairement, les lisières impénétrables de Mon omnisciente perception. J’ai pu remonter jusqu’à toi, et accomplir par toi les sept rites infernaux de la septième kabbale maudite qui déchaîneront, à dater de ce jour, le septième de mes éons dans cette stase.
– H-hein ? Mais… mais… mais c’est le… dernier… truc. . . que… je .. . . . voulais..!
– Bien sûr, car Saint Epondyle n’apparaît qu’à celui qui le craint.
-Saint Epondyle-
Quel retour! Une saison qui s’annonce guerrière et combative, à coup d’huile bouillante dans la gueule de ceux qui resteraient plantés au pied du mur. Parfait. Hâte de compter les morts.
Ça commence la semaine prochaine. :)
Merci pour ton enthousiasme.
A part que je trouve ça un peu « lâché » sur le terrain du vulgaire, ce qui ne te sied pas, c’est bien dit. Bon retour sur la toile irradiée :)
Merci Lendrase !
C’est pourtant pas ma première excursion sur ce terrain, mais c’est surement pas ma meilleure plume en effet. :)
Ah! Le Maître est de retour, Il guide à nouveau son chaotique navire sur les eaux immatérielles et j’entends d’ici les forces impies trembler du haut de leurs tours de cristal…
Bonne reprise à toi!
« Pleurez mortels, et perdez tout espoir ! »
Merci Commender. :)