All by myself · devblog n°3

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Ça faisait longtemps que j’avais pas écrit de livre. Le dernier est sorti en 2019 et avait été écrit dans les années qui précédaient. Heureusement, celui-ci sort plus vite et moins difficilement. Privilège de l’âge, du savoir faire et de savoir ce qu’on veut dire.

En écrivant L’étoffe dont sont tissés les vents, je cherchais à combattre un truc intérieur. Sans m’en rendre compte bien sûr. Je tissais un chemin personnel d’émancipation en même temps que je retraçais celui des personnages de La Horde. Ce fut une expérience longue et parfois âpre, mais formatrice.

Avec le recul je constate que ce livre, L’étoffe, reste encore imprégné d’une recherche de validation et de l’envie de « bien faire » dans un milieu SF intimidant et face à une œuvre adulée par tant de personnes dans le fandom. Surtout à l’époque. La Horde reste encore aujourd’hui l’un des chef-d’œuvres indétrôné de l’imaginaire français et je m’étonne toujours d’avoir eu la foi et le brin de naïveté de m’y coller en frontal.

N’empêche : ce premier bouquin reste très extérieur au sujet, dissocié, trop réfléchi. Ça sent un peu la sueur et l’envie de bien faire.

Pour Futurs No Future, le livre que j’écris en ce moment, les choses sont différentes. J’ai presque dix ans de plus. Je me crois un peu plus installé, et je sais surtout beaucoup plus ce que je veux dire, où je vais avec tout ça. Privilège et malédiction de la confiance que m’accorde mon éditeur, j’ai aussi une deadline. J’écris dans une forme d’urgence. Qui ne fait que se renforcer à chaque actu quotidienne qui pleuvent ces temps-ci. Le cyberpunk, mon sujet dans ce livre, n’en est que plus pertinent. What a time to be alive.

Il y a mille ans lors d’une soirée à Ground Control Sabrina Calvo (❤️), m’avait encouragé à écrire par moi-même plutôt que pour rapporter les propos et thématiques d’un autre. En l’occurence Alain D. sur le travail duquel j’ai beaucoup subordonné mon propre travail, par admiration.

Des années et pas mal de plomb dans l’aile plus tard, je comprends plus intimement ce qu’elle voulait me dire.

Je n’écris pas de fiction. J’écris de l’analyse. Et même de l’exégèse, dirait un peu pour provoquer et un peu pour de vrai un certain Pacôme T., que j’ai eu le bonheur de croiser plusieurs fois cette année. La différence c’est que l’analyse se rêve relativement objective et aussi neutre que possible. L’exégèse est personnelle, située, incarnée. Elle arrête de se cacher derrière les œuvres dont elle parle, et on commence à les utiliser pour parler par soi-même.

Plus le temps pour la cervelle, balancez les tripailles !

Je ne suis pas un scientifique. Avec L’étoffe je faisais une analyse de La Horde du Contrevent. Avec Futurs No Future je tente une exégèse du cyberpunk en temps de capitalocataclysme perpétuel.

On n’a pas besoin d’écrire de la fiction pour parler personnellement.

L’analyse peut faire œuvre.

En tous cas, on essaye.

~ Antoine Daer

Antoine Daer
Auteur et journaliste SF | Website

Fondateur de Cosmo Orbüs depuis 2010, auteur de L’étoffe dont sont tissés les vents en 2019, co-auteur de Planète B sur Blast depuis 2022 et de Futurs No Future à paraitre en 2025.

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