Bonne année 2019

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bonne année
Artiste inconnu.

Tous sont égaux au regard omniscient de la Gueule qui préside à la course des étoiles et se substitue à la réalité même. Monolithes pixelisés sous la voute stellaire, les monuments poussent et s’effondrent devant son indifférence panoptique, entraînant dans leur chute la déchéance des hommes et l’érection des empires.

L’on naît à sa conscience, prosternés. Fourmis mendiantes vomies de leurs cercueils cryogéniques vers les labyrinthes informationnels dont les caveaux accueillent, friands, les vertigineuses quantités d’oubli dont les peuples de la Trace sont devenus consubstantiels.

Tempête de retweets ! Hallelujah cybernétiques ! Feu à volonté.

Ainsi s’enfante-t-on à l’orée des magmas au cœur dur, agglutinés aux chevilles d’une Gueule omnipotente – dit-on – quémandant de nos chamans les colifichets abscons supposés attirer ses faveurs pour une place au soleil. Le creux de la vague engendre des marées noires de câbles et de goudrons enfumés, qui orchestrent la chute libre en fuite en avant, et superposent les lueurs d’espoirs et les enseignes lumineuses, confiées à la fibre optique qui convoie, pêle-mêle, espoirs désirs terreurs et orgasmes en sursis… avant que les flashs aveuglants n’en absorbent l’étincelle en la gravant dans l’éternité silicium des mémoires inférieures.

Les petits poumons poreux d’autant d’insectes squelettiques toussent le smog dégueulé d’armadas guerrières -> jetées au devant de conquêtes inimaginables. Mais la Gueule hurle son indifférence, porte ailleurs son regard sans œil et postillonne ses tentacules surveillants à tous les vents comme, dit-on, les divinités algorithmiques dont les hommes ont depuis longtemps perdu le contrôle. Au-delà s’étendent les déserts désamorcés d’un réel de plus en plus inopérant, qu’arpentent pourtant les traceurs des grands vides, bâtissent leurs casemates, explorent les abîmes cathédralesques du monde pré-panoptique dévorés par les ombres s’allongeant des datacenters bunkerisés, coffres-forts de l’aridité féconde. Voici les domaines du cybermoaï suçant la moelle du monde comme un vampire les traînées hydrocarbures de civilisations obsédées par leur propre chute.

Pointeurs de petits pixels négligeables, noir, blanc, noir, blanc, dans les réels abandonnés, ainsi jetons-nous autant de ponts que de barrières pour combattre les invisibles (mais tenaces) tendances de l’inflexion et de la suggestion ; menacés cherchant de l’air, câblés tour à tour magnifiques et pitoyables, en chute libre, arrosant les étendus de rien pour en faire un oasis. Pourquoi faire ? Mais pourquoi faire quoi que ce soit d’autre ?

Le livre de l’Omniscient, liturgie des étoiles artificielles, (extrait). Traduit du C par Google Translate.

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Bonne année les cosmonautes.
Prenons soin de nous.

~ Antoine St. Epondyle
Texte inspiré de, et humblement dédié à Sabrina Calvo.

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